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Publié le 19 décembre 2015 par Lorraine De Chezlo
de Joachim Trier
Drame - 1h50
Sortie salles France - 9 décembre 2015
avec Isabelle Huppert, Gabriel Byrne, Jesse Eisenberg, Devin Druid...
La célèbre photojournaliste de guerre, Isabelle Reed, est décédée il y a quelques années dans un accident de voiture, près de chez elle aux Etats-Unis. Elle a souvent laissé derrière elle sa famille pour ses missions de reporter sur les terrains en guerre, comme en Afghanistan d'où elle est revenue blessée. Mais cette fois, elle les a laissé définitivement, en proie à leur manque, leurs questions, leurs difficultés face à l'avenir. Jamais elle n'a disparu du quotidien de son mari et ses fils, surtout le cadet Conrad en proie à une difficile crise d'adolescence qui le pétrifie de complexes. Et l'entourage professionnel aussi se remémore Isabelle, comme son ancien collègue qui a pour projet d'éditer une nouvelle rétrospective de son œuvre.

C'est un film bien étrange, dans la lenteur d'une intimité familiale, dans les non-dits, dans les souvenirs, dans le fantôme d'Isabelle. La vie après un deuil, la survie d'un cocon familial, le mystère qui entoure les relations qu'Isabelle pouvait avoir avec son collègue, la vie qu'elle pouvait mener loin des siens, son ambigüité à dire vouloir passer plus de temps en famille chez elle, et son irrésistible attrait vers les contrées de tous les dangers, où elle a le sentiment d'utilité contrairement à sa propre maison, où depuis longtemps on a appris le quotidien sans elle. Ce film traite de manière assez sensible, au travers de flash backs, des sentiments qui doivent s'opposer dans l'esprit d'une mère et femme grande reporter.

Et puis, il y a aussi le cadet, cet ado geek et renfermé, qui est l'emblème d'un problème de communication au sein d'une famille où le spectre de la mère règne et manque , où le fils se mure dans sa carapace, où le père évite toute blessure et confrontation supplémentaire, où le grand frère, peu présent, fait face à sa récente paternité et à la vérité sur le passé de sa mère. Une famille handicapée de l'intérieur, où le plus fragile n'est pas forcément celui qu'on croit.

J'ai vécu ce film comme une histoire à la fois froide et intense, commune et très juste, portée par un casting parfait, une Isabelle Huppert et ses trois hommes blessés... et magnifiques.

Libellés : Cinéma européen, Film