Journal décalé de novembre, au Vésinet et à Lausanne

Publié le 23 décembre 2015 par Francisrichard @francisrichard

Il n'est pas besoin de chercher très loin l'origine du mot nord-américain qui désigne l'automne, Fall.

Cette photo, prise ce 11 novembre, au début du chemin qui mène à ma maison d'Ouchy, n'est-elle pas suffisamment explicite?

Pablo

8 novembre 2015

Il fait beau ce dimanche matin. Disciple dissipé de Paul Morand, en littérature comme dans ma vie personnelle, je me rends en homme pressé (ce qui me joue souvent des tours...) au Château de Croissy-sur-Seine (je garde une mâle cicatrice au front de ma rencontre empressée avec une porte en verre à Sierre...). Le fils d'un de mes condisciples de l'EPFL y a accroché quelques unes de ses toiles, peintes au cours de la dernière décennie.

Pablo

Le chabbat

Raoul Dehé est un homme de goût, à tous les points de vue. Il est en effet peintre à ses heures et il a, en juillet 2014, repris avec Julien Naudin, le restaurant vésigondin dont l'enseigne, Le Bel Ami, se réfère au roman de Guy de Maupassant. Ce bel écrivain, dont Morand a écrit une vie, fréquentait la Maison Fournaise, chère à Auguste Renoir, située sur l'île des Impressionnistes, île toute proche et joyau de ma bonne ville de Chatou...

La Suisse

Rêves de dos

Raoul est un peintre éclectique, comme le maître Pablo, sous l'ombre tutélaire de laquelle il s'est mis et dont il a fait un portrait d'hommage affectueux. Ce tableau figure en toile de fond de l'affiche de son exposition Emotions, qui se tient dans l'Espace Chanorier du château, du nom du dernier seigneur de ces lieux. Raoul est binational, franco-suisse, né d'une mère suisse et d'un père français. Je ne peux qu'avoir avec lui des correspondances toutes baudelairiennes...

Raphaël Aubert, Chevalier dans l'Ordre des Arts et Lettres

9 novembre 2015

Aujourd'hui des mains de Michaël de Saint-Chéron, Chevalier de la Légion d'Honneur, dans le Salon bleu du Casino de Montbenon à Lausanne, en présence notamment d'Odile Soupison, Consule Générale de France à Genève, de Grégoire Junod, Municipal de la ville de Lausanne, de Monique Rey, Présidente de l'Alliance française de Fribourg, l'ami Raphaël Aubert, reçoit les insignes de Chevalier dans l'Ordre des Arts et Lettres, à la suite de sa nomination dans cet ordre par Fleur Pellerin, Ministre française de la Culture et de la Communication.

Au cours de ses remerciements, Raphaël fait remarquer que la décoration, qui vient de lui être remise et qui est constituée d'une croix à huit branches à l'avers, est la seule décoration française à comporter l'effigie de la République au revers... Ces insignes sont la récompense de sa contribution au rayonnement des Arts et Lettres, en France et dans le monde. Ils l'obligent et l'engagent, comme il le dit si bien...

Raphaël Aubert avec Carole Dubuis, la présidente de Tulalu!?, association littéraire dont il est le parrain

Quand il s'agit de décorations, je pense inévitablement à celles décernées à mon parrain, mon grand-père maternel, Arthur Van Poucke. Ancien combattant et invalide de guerre 1914-1918, condamné à mort par les Allemands en 1917, Résistant A.R.A. (Agent de renseignement et d'action) de la guerre 1940-1945, décoré de l'Ordre de Léopold, il s'est vu décerner le Distinguished Service Order britannique (j'ai hérité du diplôme de cette décoration prestigieuse, signé de la main de Winston Churchill et daté du 1ermars 1919...).

Un de mes premiers souvenirs de ce monde remonte à mes deux ans et quelque. Ma mère vient d'accoucher de ma soeur cadette. Je suis sur le balcon de l'appartement de mes grands-parents à Bruxelles. Ce balcon donne sur une place de la capitale belge. En bas des voitures passent. Sur le balcon je trottine et traîne derrière moi un fil auquel sont accrochées toutes les décorations de mon grand-père qui forment une théorie d'insolites wagons métalliques...

15 novembre 2015

L'église Saint-François d'Asssise à Renens est comble. Elle est ce soir, comme la veille, le théâtre d'un spectacle musical hors du commun, intitulé L'amour, le vrai. Il y a un an, les 11 et 12 octobre, pour le centenaire de l'église, ce spectacle a déjà été donné, avec succès: à l'époque, 800 billets ont été vendus...

Depuis 2012, une idée trotte dans la tête d'un des fidèles paroissiens de cette église, Matteo Monti, médecin au CHUV (Centre hospitalier universitaire vaudois). Il aimerait bien monter un spectacle pour cet anniversaire des cent ans, et, compte tenu des nombreux talents qu'il connaît dans la paroisse et qui pourraient ainsi s'exprimer, entreprendre avec eux quelque chose d'ambitieux.

C'est alors qu'il tombe, dans une librairie luganaise, sur le texte d'une comédie musicale en italien... Le but commun susceptible de mobiliser les paroissiens est trouvé: cette comédie musicale, qui sera traduite en français, hormis quelques chants, retrace en effet, en vingt-deux scènes, la vie de Claire et de François d'Assise, le saint patron de l'église. De plus, depuis 2013, le pape s'appelle François...

Silvano Gnesin (François) dans L'amour, le vrai

Matteo Monti peut compter sur le soutien du curé de cette paroisse catholique renanaise, Don Thierry Schelling. Pour la mise en scène il fait appel à un professionnel, Romain Micelli, qui se lance volontiers dans cette aventure. Car c'est une véritable aventure: ils partirent à quatre et se virent cent trente bénévoles en arrivant au but... et de tous les âges, de 14 à 86 ans (une plage plus vaste que les lecteurs de Tintin...).

Le projet est mené par un comité de pilotage d'une douzaine de personnes. Les trente-quatre personnages de la comédie sont interprétés par plus d'une vingtaine de comédiens. La chorale comprend quarante chanteurs. L'orchestre une dizaine de musiciens. Les danseuses sont au nombre de onze. Sans compter les couturières, les costumières, les maquilleuses, les décorateurs, les techniciens des sons et lumières etc.

Clara Vienna (Claire) dans L'amour, le vrai

Deux jours après les attentats sanglants perpétrés à Paris, ce spectacle donne un tout autre visage de l'humanité, un visage chrétien, catholique, c'est-à-dire étymologiquement universel... Comment ne pas être heureux d'ailleurs que soit reproduite dans le programme de L'amour, le vrai, la prière de saint François, mon saint patron, que je ne relis et ne redis jamais sans émotion?

Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix,

Là où il y a de la haine, que je mette l’amour.

Là où il y a l’offense, que je mette le pardon.

Là où il y a la discorde, que je mette l’union.

Là où il y a l’erreur, que je mette la vérité.

Là où il y a le doute, que je mette la foi.

Là où il y a le désespoir, que je mette l’espérance.

Là où il y a les ténèbres, que je mette ta lumière.

Là où il y a la tristesse, que je mette la joie.

O Seigneur, que je ne cherche pas tant

à être consolé... qu’à consoler,

à être compris... qu’à comprendre,

à être aimé... qu’à aimer.

Car

c’est en se donnant... qu’on reçoit,

c’est en s’oubliant... qu’on trouve,

c’est en pardonnant... qu’on est pardonné,

c’est en mourant... qu’on ressuscite à l’éternelle vie.

Francis Richard