Critique de L’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, de Paul Zindel, vu le 18 décembre 2015 au Théâtre de l’Atelier
Avec Isabelle Carré, Alice Isaaz, et Lily Taïeb/Armande Boulanger, dans une mise en scène d’Isabelle Carré
Le bilan de mes dernières venues au théâtre de l’Atelier s’assombrit encore un peu : cela fait bien 3 spectacles que le sentiment majeur à la sortie du théâtre est la déception. Et cette impression, malheureusement, ne fait que s’accroître. Dans De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, outre le titre , tout semble excessivement long. Et ennuyeux.
On se retrouve en Amérique, chez Béatrice, qui élève seule ses deux filles et vit avec Nanny, une vieille dame qu’elle aide au quotidien. On comprend vite la relation malsaine que Béatrice entretient avec ses filles, interdisant à sa cadette, Matilda, d’aller à l’école sous prétexte qu’elle a déjà assez à faire à la maison. Son autre fille, Ruth, semble prendre le même chemin que sa mère, chaotique et délirant. Elle commence même à manipuler l’art du chantage. Le spectacle suit cette petite famille au quotidien, jusqu’à la bonne nouvelle d’un prix décerné à Matilda, jeune surdouée, pour son expérience sur les marguerites…
J’ai du mal à comprendre comment un directeur peut accepter de monter cela. Le texte n’est pas (ou plus) adapté à notre France actuelle : il est bien trop américain pour me convaincre, en tout cas. Et même dans son écriture, on trouve des failles : quelle logique dans une fille qui prône son amour pour les sciences, et qui finalement remercie Dieu d’avoir créé les atomes ? Si le film de Paul Newman a connu un succès, je doute que ce soit le cas pour ce spectacle. Il respire l’ego d’une actrice qui a vu dans Béatrice un rôle taillé pour elle. Et qui ne l’est finalement pas : Isabelle Carré n’a pas les épaules pour incarner Béatrice. Elle manque de folie, de rage, de naïveté. Elle joue cela bien trop « classiquement » pour être crédible, son personnage est si lisse qu’à chaque parole prononcée, un décalage supplémentaire s’instaure entre Béatrice et l’actrice.
Les deux jeunes actrices qui l’accompagnent ne relèvent pas ce niveau, et on en vient à souhaiter vivement que Alice Isaaz cesse de crier ainsi ses répliques et apprenne à poser sa voix. J’ai vivement regretté ma place proche de la scène, tant mes oreilles souffraient de tant de cris. Pour faire passer la colère, la folie, il y a d’autres choses. Malheureusement, aucune des actrices ne semble correctement dirigée : c’était à prévoir, Isabelle Carré n’étant pas un metteur en scène de formation.
Un gros ratage.