Profession vieille de 60 ans, les infirmiers anesthésistes (IADE) sont en lutte aujourd’hui pour le maintien de l’intégrité de leur formation, la reconnaissance de leurs compétences et la défense de leur champs d’activité.
A l’origine présents dans les SMUR et les blocs opératoires, les IADE ont été peu à peu évincés des premiers et sont maintenant menacés dans les seconds.
L’arrivée prochaine des infirmiers en pratique avancée (article 30 de la loi Santé) fait en effet peser sur les infirmiers anesthésistes le risque de voir leur exclusivité de compétence remise en cause.
Bien que pouvant être considérée, pour les infirmiers, comme une évolution salutaire, la pratique avancée crée un nouvel échelon dans l’organigramme des professions de santé en mettant en place des professions intermédiaires.
Ces professions, dont l’existence n’est que légale pour le moment, se voient dès à présent gratifiées d’une reconnaissance de leur niveau d’études et de leurs compétences avancées qui s’articulent autour de la notion d’autonomie.
Là se pose un problème pour les infirmiers anesthésistes.
Ils remplissent en effet tous les critères les rendant éligibles à un statut équivalent aux infirmiers en pratique avancée, mais celui-ci leur est refusé.
Une des principales raison est cette notion d’autonomie.
Le cursus de formation d’un infirmier anesthésiste le prépare à devenir un « praticien autonome, responsable et réflexif » ( Arrêté du 23 juillet 2012 relatif à la formation conduisant au diplôme d’État d’infirmier anesthésiste, Annexe III, article 1).
De même, les infirmiers anesthésistes sont habilités, à condition qu’un médecin anesthésiste (MAR) puisse intervenir à tout moment, à appliquer les techniques d’anesthésie générale (CSP Article R4311-12).
Le législateur reconnaît ainsi implicitement le fait que le médecin anesthésiste ne peut toujours être présent à chaque étape de la prise en charge anesthésique et donc, que l’IADE est en position d’analyser, de décider et d’agir durant la phase per-opératoire et le réveil.
L’organisation actuelle des blocs opératoires en France (un médecin anesthésiste prenant en charge au minimum deux salles d’interventions) met donc bien les IADE en position d’autonomie (à différencier de la notion d’indépendance).
Pourtant, bien que ce type de fonctionnement soit commun à tous les blocs opératoires où MAR et IADE travaillent en collaboration étroite, en confiance, et dans la concorde, les représentants du gouvernement et des sociétés savantes refusent de reconnaître l’autonomie des infirmiers anesthésistes, les privant ainsi de la possibilité de voir leurs compétences valorisées.
Une logique différente est à l’oeuvre dans les SMUR.
Bien qu’apportant une expertise de terrain maintes fois soulignée et bénéficiant d’une priorité d’exercice en SMUR (CSP Article R4311-12), les infirmiers anesthésistes sont remplacés, pour des questions de coût, dans le secteur pré-hospitalier.
Certains représentants de l’urgence française militent aujourd’hui pour la création d’un infirmier de pratique avancée spécialisé en urgences.
Les infirmiers anesthésistes correspondent à ce souhait mais sont, pourtant, évincés.
Les infirmiers anesthésistes sont donc en lutte pour défendre leur profession dans leur entièreté et faire reconnaître leur travail quotidien dans les blocs opératoires et en pré-hospitalier.
Rejoigniez le mouvement : #IADEENLUTTE
Source : Laurent Krzyzaniak, Président de l’Association Française des Infirmiers Anesthésistes
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