La France s'offre le luxe d'un débat sur la forme que peut prendre le temps de travail fixé aujourd'hui à 35 heures. Pendant ce temps, les Etats membres de l'UE décide : le temps maximum de travail est de 48 heures par semaine, Mais elle pourra atteindre 60 ou 65 heures pour les employés acceptant,
à titre individuel, de déroger aux 48 heures. Ces plafonds pourront
même être dépassés en cas de conventions collectives.
En effet, comme le rappelle le Commissaire européen aux Affaires sociales Vladimir Spidla : les règles en vigueur au niveau européen permettent dans
les faits d'enchaîner 78 heures de travail par semaine! Il ajoute :
"C'est un compromis qui fait sens, qui représente un net progrès social (...) Il est clair que nous avons pu élargir la base de l'Europe sociale".
Les représentants de la France claironnent : "L'heure est clairement à la relance de l'Europe sociale" dixit Xavier Bertrand en notant que les accords trouvés offrent "plus de garanties pour les
travailleurs".
Il a pris soin de préciser que ces textes ne
changeraient pas la situation en France et que la nouvelle période "inactive"
des temps de garde, sans être du travail effectif, ne sera pas
comptabilisée comme du temps de repos.
Les syndicats fulminent en Europe. 5 pays seulement se sont abstenus lors du vote de cet accord : l'Espagne, la Belgique, la Grèce, la Hongrie et Chypre et ne cachent pas leur profond désaccord.
Mais c'est le Parlement européen qui doit donner son feu vert à cet accord entre Etats et il n'a pas encore dit son dernier mot.
Le problème du temps de travail aujourd'hui est à étudier (comme ici) au regard de toute la doctrine sociale de l'Eglise et en particulier
- le paragraphe 272 sur la primauté de l'homme sur le travail :
" Non seulement le travail humain procède de la personne, mais il lui est aussi essentiellement ordonné et finalisé. Indépendamment de son contenu objectif, le travail doit être orienté vers le sujet qui l'accomplit, car le but du travail, de n'importe quel travail, demeure toujours l'homme. Même si on ne peut pas ignorer l'importance de la dimension objective du travail sous l'angle de sa qualité, cette dimension doit être subordonnée à la réalisation de l'homme, et donc à la dimension subjective, grâce à laquelle il est possible d'affirmer que le travail est pour l'homme et non l'homme pour le travail et que « le but du travail, de tout travail exécuté par l'homme — fût-ce le plus humble service, le travail le plus monotone selon l'échelle commune d'évaluation, voire le plus marginalisant — reste toujours l'homme lui-même ».
- le paragraphe 279 sur les rapports entre capital et travail :
" Le rapport entre travail et capital présente souvent les traits de la conflictualité, qui revêt des caractères nouveaux avec la mutation des contextes sociaux et économiques. Hier, le conflit entre capital et travail était engendré surtout par « le fait que les travailleurs mettaient leurs forces à la disposition du groupe des entrepreneurs, et que ce dernier, guidé par le principe du plus grand profit, cherchait à maintenir le salaire le plus bas possible pour le travail exécuté par les ouvriers ». Actuellement, ce conflit présente des aspects nouveaux et, peut-être, plus préoccupants: les progrès scientifiques et technologiques et la mondialisation des marchés, en soi source de développement et de progrès, exposent les travailleurs au risque d'être exploités par les engrenages de l'économie et de la recherche effrénée de la productivité".