Vous croyez que le (bien modeste) accord conclu à la conférence de Paris sur le climat démontre qu’il y a de l’espoir pour l’humanité? Voici trois raisons de changer d’avis.
Parce que #LesGens se sont surpassés dans la niaiserie au cours des dernières semaines, voici trois beaux gros epic fails qui vous donneront envie de rire, puis de pleurer, puis de demander l’asile politique sur Tatooine.
À l’époque de la regrettée Analyse des Geeks, ma partie favorite de l’émission était presque toujours celle qui arrivait en dernier : la dénonciation des pires bêtises de la semaine dans le monde de la technologie. Combien de fois avons-nous tapé sur les louches «innovations» de BlackBerry, sur les douteuses stratégies anti-piratage de la RIAA et sur la totalité de l’œuvre de Klout, ce très discutable site de mesure de l’influence sur les réseaux sociaux? (Répétez après moi : KLOUUUUUTTTTE!)
Aujourd’hui, en mémoire de cette belle aventure et parce que #LesGens se sont surpassés dans la niaiserie au cours des dernières semaines, voici trois beaux gros epic fails qui vous donneront envie de rire, puis de pleurer, puis de demander l’asile politique sur Tatooine.
Quand les panneaux solaires dévorent le Soleil
Si vous êtes allergique aux abrutis, ne visitez la petite ville de Woodland, en Caroline du Nord, sous aucun prétexte.
Récemment, le conseil municipal de Woodland a voté un moratoire sur l’installation de nouveaux parcs de panneaux solaires sur son territoire. Des citoyens avaient déposé une pétition à cet effet, et les membres du conseil se sont rendus aux arguments de quelques-uns des plus illuminés d’entre eux pour qui les panneaux constituent une menace fantôme plus sournoise que Darth Sidious.
Une enseignante de sciences (!) à la retraite et son mari ont notamment élaboré une théorie bizarre selon laquelle les panneaux aspireraient toute la lumière du soleil, empêcheraient la croissance des plantes et inciteraient les entreprises à quitter la ville. Comme si, au lieu de produire de l’électricité en captant les photons qui les frappent, les panneaux solaires étaient dotés du pouvoir surnaturel d’attirer la lumière comme autant de trous noirs et de plonger leur environnement dans les ténèbres. En plus de peut-être causer le cancer. Et de réduire la valeur des maisons, comme le dénonçaient certains de leurs concitoyens.
M’est d’avis que les gens de Woodland n’ont pas à avoir peur de sombrer dans les ténèbres. Ils y vivent déjà.
Quand les républicains tiennent des audiences sur le climat
Au cours des dernières semaines, l’attention du monde était tournée vers la conférence de Paris sur le climat. On pourrait croire qu’organiser des audiences publiques sur le climat à Washington en même temps serait une idée bien saugrenue, puisqu’à peu près tous les invités potentiels seraient de l’autre côté de l’Atlantique. Et on aurait raison, sauf si l’objectif des audiences consistait à n’entendre que des négationnistes qui n’avaient pas été invités à la table des grands.
Le sénateur américain du Texas, Ted Cruz.
Or, c’est exactement ce que voulaient Ted Cruz et les sénateurs républicains responsables de l’événement, intitulé Data or Dogma : Promoting Open Inquiry in the Debate over the Magnitude of Human Impact on Earth’s Climate, ce qui se traduit à peu près par «Données ou dogme : Promouvoir une recherche ouverte sur le débat concernant l’importance de l’action humaine sur le climat de la Terre».
C’est pourquoi ils ont invité une poignée de chercheurs discrédités aux sources de financement potentiellement louches et un blogueur conservateur plutôt que des scientifiques reconnus, qui avaient d’autres chats à fouetter à ce moment de toute façon. Les sénateurs démocrates, minoritaires sur le comité, n’ont pu inviter qu’un seul témoin (un militaire à la retraite) et déposer quelques dizaines de lettres d’organismes scientifiques qui ont été promptement ignorées par la majorité.
On présume que les républicains planchent actuellement sur une nouvelle stratégie qui consiste à fournir à tous les Américains des fusils d’assaut, pour qu’ils puissent tirer sur le Soleil et ainsi «descendre» la température si jamais il fait trop chaud.
Assurance contre les trolls
Enfin, une multinationale de l’assurance a récemment annoncé qu’elle commencerait à offrir à ses clients britanniques une protection contre les trolls sur Internet. Une victime d’intimidation ou de chantage pourra ainsi recevoir jusqu’à 50 000 livres sterling (environ 104 000$ au taux de change courant) pour engager une firme d’experts capables de laver sa réputation, pour se payer des soins psychologiques, ou même pour déménager si jamais cela devenait nécessaire pour retrouver un certain anonymat.
Difficile de blâmer les internautes qui souhaitent se protéger de ce qui est devenu un fléau quasi-universel. S’il n’y a pas moyen de se débarrasser des trolls, s’acheter une police d’assurance contre leurs pires excès devient un moindre mal. La compagnie d’assurance qui offre ce service n’a rien à se reprocher non plus, du moins pas pour le moment : le principe d’une assurance, c’est d’acheter la tranquillité d’esprit face à un risque catastrophique, et c’est exactement ce que l’on peut observer dans le cas présent.
Le problème, c’est l’envergure du phénomène des trolls. Il y en a partout, tout le temps. Or, en règle générale, il est à peu près impossible de s’assurer contre ce qui constitue une quasi-certitude plutôt qu’un risque actuariel modéré. Bâtissez votre maison sur une faille tectonique, et bonne chance pour vous assurer contre les tremblements de terre. Élisez domicile sur Internet, surtout si vous êtes une femme, et vous êtes à peu près certain(e) de vous faire harceler un jour.
Autrement dit, à plus ou moins brève échéance, soit cette assurance anti-troll disparaîtra en raison du trop grand nombre d’indemnisations, soit les assureurs devront hausser les primes à un niveau intolérable, soit ils devront exiger des preuves de préjudices de plus en plus catastrophiques avant de payer. Et ceux qui auront payé leurs primes à chaque mois risqueront de se retrouver avec une couverture bien plus modeste que ce qu’ils auraient pensé.
Tout ça, parce que trop de gens agissent comme des psychopathes sur Internet et que personne n’arrive à trouver un moyen de régler le problème.
Dans ce cas, le #EpicFail est assez généralisé, merci…