Battlefleet Gothic : Armada, le beau risque de Tindalos Interactive

Publié le 16 décembre 2015 par _nicolas @BranchezVous
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Chez Tindalos Interactive, la fin d’année sera stressante. Après tout, début 2016, ce petit studio français doit procéder au lancement officiel de Battlefleet Gothic : Armada, un jeu de stratégie spatiale en temps réel se déroulant dans l’univers de Warhammer 40,000

La tâche est complexe : non seulement l’univers appartenant à Games Workshop a déjà été largement transposé du jeu de figurines et de plateau sur diverses plateformes numériques, mais Tindalos tente en ce sens quelque chose de nouveau. Comme son nom l’indique, Battlefleet Gothic : Armada placera effectivement les joueurs aux commandes non pas d’un seul combattant, ou même d’une armée débarquée sur une planète, mais d’une flotte de titanesques vaisseaux de guerre chargés de semer la mort et la destruction dans les étendues violentes et glacées séparant les systèmes solaires dévastés par la guerre.

Développé à l’aide du moteur graphique Unreal Engine 4, le jeu donnera lieu à des affrontements stellaires entre les flottes de l’Imperium, du Chaos, des Orcs et des Eldars, en mode solo comme en multijoueurs.

Une passion qui remonte à loin

«Étant donné qu’ils avaient déjà travaillé avec Games Workshop par rapport à Blood Bowl et à d’autres titres, le “contact” a été facilité.»

«Il faut savoir que nous sommes de grands fans de l’univers de Games Workshop depuis que nous avons 9 ou 10 ans», indique l’un des responsables du projet, Aurélien Josse. «Donc, on a joué à vraiment tous les jeux de plateau, que ce soit Warhammer 40,000, Warhammer Battle, Blood Bowl… et donc, tous les jeux Games Workshop. Battlefleet Gothic est un jeu auquel nous avons beaucoup joué dans sa version plateau, et nous avions vraiment envie de l’adapter en jeu vidéo, en sachant que notre premier jeu, Stellar Impact, est aussi un jeu de vaisseaux spatiaux, et est un Battlefleet Gothic sans la licence.»

Il n’a d’ailleurs pas été si difficile d’obtenir ladite licence, grâce aux bons soins de l’éditeur Focus Home Interactive. «Étant donné qu’ils avaient déjà travaillé avec Games Workshop par rapport à Blood Bowl et à d’autres titres, le “contact” a été facilité.»

Valoriser l’audace

M. Josse croit aussi qu’il est «un peu risqué» de publier un jeu se situant certes dans l’univers de Warhammer 40,000, mais qui s’éloigne des jeux plus «tactiques», des jeux de stratégie en temps réel plus classiques ou des jeux de tir à la première ou à la troisième personne. «Avec Battlefleet Gothic, on amène un genre qui n’a pas vraiment été vu avant. C’est-à-dire que nous ne sommes pas avec un RTS classique, mais plutôt un RTS différent, même si on conserve certains concepts pour ne pas désorienter les joueurs.»

«Par exemple, nous n’avons pas de construction d’unités directement sur le terrain, il faut plutôt gérer plusieurs vaisseaux pendant les parties. Je dirais que nous avons un RTS-action : un type de jeu qui n’est pas vraiment connu. Il y a un petit risque, parce que nous avons quelque chose de nouveau et d’innovant en termes de gameplay, mais je pense que le risque est réduit puisque nous nous appuyons au maximum sur des structures classiques pour ne pas déboussoler les joueurs.»

Si tout se passe bien, par ailleurs, la version lancée l’an prochain sera la version complète, sans passer par une séquence de test ouverte à tous. «À priori, il devrait y avoir toutes les fonctionnalités», confirme Aurélien Josse. «Cela va dépendre du succès du jeu, mais il ne serait pas impossible qu’on sorte des factions additionnelles.»

M. Josse estime aussi que la campagne solo de Battlefleet Gothic : Armada est «un peu plus importante» que le mode multijoueur. «Je dis ça parce qu’en ce qui concerne la partie multijoueur, nous ne sommes pas engagés dans une optique de compétition particulièrement féroce. Il y a de la compétition, c’est sûr, on peut jouer jusqu’à deux contre deux, et je pense qu’on peut avoir beaucoup de plaisir en multijoueur. Nous avons toutefois porté une attention spécifique à la campagne, avec une histoire, des cinématiques, etc.»

Revenir aux sources

«Peut-être, effectivement, que nous allons un peu à l’encontre des tendances, mais je pense que c’est voulu, et je pense que c’est intéressant.»

Les puristes seront par ailleurs contents : il n’est aucunement question d’intégrer des microtransactions dans le jeu. «Je peux vous répondre tout de suite, c’est pas du tout notre truc. On aura sûrement du contenu supplémentaire sous forme de DLC, mais pas de microtransactions», assure-t-on au bout du fil. Va-t-on à l’encontre d’une tendance – tendance malheureuse, certes, mais tendance tout de même?

«Pour tout vous dire, quand on a monté Tindalos Interactive, nous l’avons fait avec une idée derrière la tête, et une philosophie, c’est-à-dire que lors de notre naissance, le marché s’orientait vers une “facilitation” du jeu vidéo, le modèle économique migrait vers le free to play, et il nous est apparu que le marché allait de plus en plus être sclérosé, en termes justement de modèle économique. Étant joueurs réguliers nous-mêmes, nous avons eu l’impression que les joueurs réguliers, voire passionnés, étaient peut-être plus délaissés, et c’est quelque chose que nous avons voulu prendre à contre-pied. Pour l’instant, tout se déroule comme prévu. Peut-être, effectivement, que nous allons un peu à l’encontre des tendances, mais je pense que c’est voulu, et je pense que c’est intéressant.»

Ironiquement, en adoptant des méthodes traditionnelles consistant à sortir un jeu lorsque celui-ci est terminé, et non pas en phase de test, Tindalos Interactive maintient quelque peu la presse spécialisée et les joueurs dans l’ombre. On nous promet entre autres toujours une «véritable» version du site web promotionnel, et ce «pour bientôt».

L’univers de Warhammer 40,000, tout aussi riche qu’il soit, n’a pas produit que des succès, et à voir la quantité de titres disponibles, on est aussi en droit de craindre la surdose. Malgré tout, l’approche originale de Battlefleet Gothic : Armada pourrait permettre à la trentaine d’employés de Tindalos Interactive de prendre leur place au soleil, auprès des réussites que sont Dawn of War, Space Marine et autres Armageddon.