Il y a quelques jours, la fédération
de football d'Argentine a procédé à l'élection de son nouveau
président. Tinelli, animateur vedette des variétés sur une chaîne
de télévision privée et secrétaire du Club Atlético San Lorenzo
de Almagro, le club dont le Pape François est sociétaire, est l'un
des deux candidats à la présidence (l'autre s'appelle Segura). Mais
le scrutin a été annulé : on avait trouvé plus de bulletins
dans l'urne que de votants et trop de bulletins pour Tinelli. Et
depuis la question n'a toujours pas été éclaircie ni le scrutin
reprogrammé pour une date qui agrée à toutes les parties.
Miguel Rep s'est emparé de cette
péripétie presque burlesque et en a fait (à mon goût) l'un de ses
meilleurs dessins : "Qui a voté double à l'AFA ?" (Asociación de Fútbol Argentina)
En dessous du titre, de gauche à
droite :
"La Main de Dieu ? (1)
L'esprit de Grondona y aurait-il mis le
nez ?" (2)
En dessous, toujours de gauche à
droite
"Le Pape François, du San Lorenzo comme
Tinelli, qui pourrait opérer la multiplication des bulletins ?
(3)
Blatter qui se promène en donnant
l'exemple ?
Un dirigeant du basket qui se serait
fourré en pleine assemblée footeuse et aurait mis un panier ?"
Au dernier niveau, les bulles à fond
mauve :
"On ouvre l'urne et... [on trouve] 38
bulletins pour Segura, et... pour Tinelli. Egalité ! Il y avait
75 votants.
En Argentine, le ballottage, c'est à la
mode !"
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
Ce dessin est paru hier sur le blog de
Miguel Rep (www.miguelrep.blospot.com.ar).
(1) Allusion au but historique que
Diego Maradona marqua de la main au Mundial de Mexico. Or Maradona
conteste fermement le fonctionnement de l'AFA comme il conteste celui
de la FIFA. Pour lui, tout ça, c'est corruption et compagnie, du
grand banditisme au service des grandes puissances internationales.
(2) Julio Grondona est l'ancien président de
l'AFA, une sorte d'indéboulonnable satrape du football argentin, mort de sa belle mort en pleine gloire, juste
après avoir rencontré le Pape François à Rome avec la sélection
nationale. Ma traduction change le terme exact : la cola, en
argentin, c'est la queue ou les fesses. Tout dépend de l'animal.
Chez l'être humain, c'est le second (pas le premier, même chez
l'individu mâle).
(3) Allusion à l'épisode évangélique
de la multiplication des pains. On est encore pétri de culture
chrétienne en Argentine, même pour un anarchiste comme Miguel Rep.