Voici un double petit jeu, si vous avez quelque loisir en cette fin d’année.
1 : Chronométrez le temps dans vos informations télévisées avant qu’un journaliste ou correspondant ne prononce « hein » pour faire plus familier…
2 : Comptez le nombre de fois que cette interjection qui envahit les commentaires sera prononcée…
Vous allez être bien étonnés !
Cette interjection « hein » est, à juste titre, considérée comme impolie au bout d’une interrogation et doit être remplacée par « s’il vous plaît ? Pardon ? etc. »
Mais d’où vient-elle ?
Elle apparaît dans notre langue française dès sa création au XIIe siècle mais sous des formes diverses : ahene, ahen, ahene, hen, heim… avant de prendre sa forme actuelle au XVIIIe siècle, où on la trouve chez Marivaux.
Deux choses sont à dire à son propos.
La première c’est qu’on la trouve chez les Romains sous la forme « hem » et que cela exprimait des sentiments pénibles ou des interrogations, comme pour nous, si l’on avait mal entendu.
La seconde c’est que cette interjection collée à une phrase interrogative vient plutôt de « antius », plus tôt, et de l’ancien français « ainz », mais plutôt.
Voici deux exemples: « «O jeune fille, jette-toi encore dans l’eau pour que j’aie une seconde fois la chance de nous sauver tous les deux !» Une seconde fois, hein, quelle imprudence ! Supposez, cher maître, qu’on nous prenne au mot ? Il faudrait s’exécuter. Brrr…! l’eau est si froide ! » C’est un extrait de « La chute » d’Albert Camus.
Quant à Simone de Beauvoir dans « Les mandarins », elle épouse la forme familière de l’autre sens de « hein » : « Il siffla d’admiration : «Comment que tu es fringuée! – Une vraie dame, hein? dit Nadine en pivotant sur elle-même; avec son manteau de fourrure, ses bas, ses escarpins, elle avait l’air élégante. » Notons enfin que c’est de hem qu’est né le hum et le humhum !
Bonne langue française !