Laurent Fabius et François Hollande, après l'adoption de l'accord de Paris, samedi soir au Bourget I Photo ©François Guillot / AFP
Ce texte (ici l'Accord de Paris en français) constitue certainement le plus gros progrès au regard de l'impasse dans laquelle se trouvait le processus onusien depuis COP15 de Copenhague. Si les discussions s'étaient poursuivies, avec la réaffirmation des objectifs de la Convention, le plan d'action post-protocole de Kyoto était resté en rade. L'Accord de Paris relance l'action, sur la base d'un consensus général. C'était le premier des objectifs de COP21, et il est atteint. Mais quelle est l'ampleur de cette action ? C'est là qu'il faut souligner le caractère schizophrénique du texte. Un caractère accentué et référencé par un objectif climatique plus ambitieux, en apparence, que les 2°C de réchauffement planétaire à ne pas dépasser de Copenhague. Le chiffre de 1,5°C a fait irruption dans ce texte, sous la forme suivante dans le préambule : "insistant avec une vive préoccupation sur l'urgence de combler l'écart significatif entre l'effet global des engagements d'atténuation pris par les Parties en termes d'émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre jusqu'à 2020 et les profils d'évolution des émissions globales compatibles avec la perspective de contenir l'élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre l'action menée pour limiter l'élévation des températures à 1,5°C." Quel est le problème ? Celui de se demander comment et pourquoi, après avoir déposé au Secrétariat de la Convention des objectifs d'émissions volontaires qui, s'ils sont tous respectés ce qui est peu probable, mettent la planète sur une trajectoire aux alentours des 3°C, et ces mêmes pays se fixent illico un objectif encore plus difficile à atteindre.
Points positifs - Les 195 parties souhaitent limiter la hausse des températures à "bien en dessous de 2°C", et faire des efforts pour limiter la hausse à 1,5°. Elles s’engagent à n’émettre que ce que la planète peut absorber, soit des émissions nettes équivalentes à zéro d’ici 2050. La formule débattue de "neutralité carbone" a été rejetée, au profit d’une expression utilisée par les scientifiques… mais laquelle ? Un nouveau mécanisme de marché doit être établi, qui prendra le relais du Mécanisme de Développement Propre établi dans le protocole de Kyoto. Appelé ITMO en anglais, pour Transferts internationaux de réductions d’émissions. Les parties reconnaissent que les pays les plus vulnérables sont victimes de pertes et dommages liées au réchauffement climatique.Points négatifs - L’engagement de financement de plus de 100 milliards de dollars par an pour l’après 2020 est relégué dans la décision de la Conférence des Parties, et non pas dans l’accord en lui-même, ce qui le rend moins contraignant juridiquement. Les pays en voie de développement sont invités -et non "devront" contribuer- à financer la transition énergétique des pays les plus pauvres. L’aviation et les emissions du transport maritime ne sont pas évoqués dans l’accord, contrairement au souhait de l'UE. Il n’y a pas de référence directe au prix du carbone, qu’il s’agisse de marché ou de taxe. Les mécanismes de marché sont évoqués, tout comme "les solutions équilibrées qui ne s’appuient pas sur les marchés". FG