Zone de non-droit

d'Alex Berg
Polar - 300 pages
Editions Jacqueline Chambon - janvier 2013
Editions poche Babel - septembre 2014
Sélection 2016 du Polar SNCF

Valérie Weymann, jeune avocate, est arrêtée à l'aéroport d'Hambourg. Pourquoi ? Elle serait liée à Al-Qaida. Alors que la ville est en ébullition - car on y organise un sommet international contre l'armement et pour le climat -, les services secrets, "aidés" par les agents de la CIA, sont sur les dents. Ils l'isolent et l'interrogent sans relâche, sans se priver non plus de quelques pratiques tortionnaires. Malentendus ou mensonges ?

C'est brûlant d'actualité, c'est glaçant de réalisme. Dans ce roman écrit en 2010, on ne peut que faire un parallèle entre cette zone de non-droit et notre état d'urgence, entre le sommet international d'Hambourg et notre COP21, entre l'explosion de la bombe en gare de Dammtor et nos attentats parisiens. Et cette Valérie malgré elle - ou non ? - au coeur de la tourmente secrète, coupée de sa famille, de son mari, de son employeur. Ils angoissent jour après jour, elle plonge dans l'horreur au fil des heures. L'intrigue nous tient en haleine : pourquoi cette photographie retrouvée où on la voit poser aux côtés de son amie iranienne Noor et son amoureux ? Et cet homme qu'elle semble avoir bien connu et qui est soupçonné d'acte terroriste ? Où est le vrai et le faux ? Enfermée, torturée, interrogée, dévastée, échappée, c'est la traque qui débute, fuyant un Borrough, féroce agent secret de la CIA qui officie pour l'Etat Allemand, mais surtout pour sa propre soif de violence et de pouvoir.

Extrait :"Ce qu'il y a de bien dans la vie, dit-il calmement, c'est qu'elle continue sans se soucier de toutes les horreurs qui nous entourent, et qu'elle nous pousse à continuer. Et rien que ce simple fait d'avancer guérit les blessures."

L'histoire a de quoi nous glacer les sangs, nous interroger sur ce qui peut se tramer au plus haut niveau lorsque des coopérations iniques sont permises, lorsque l'urgence se substitue au droit. Mais notre héroïne Valérie est une femme également endurcie, bien qu'elle ne puisse ressortir indemne d'un tel processus d'anéantissement. Elle tient tête, farouche, et l'auteure ne semble pas vouloir, jusqu'à la fin, nous livrer toute sa vérité, comme on pourrait l'attendre d'un polar de ce type. Avec ses rebondissements plus ou moins pertinents, le rythme est bien tenu en alternance avec les différents personnages.Il reste cependant quelques zones d'ombre en fin de roman, certaines questions en suspens sur le réel passé proche de Valérie, sur les activités de son entourage, sur le rôle de Meisenberg. Dommage.
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