CIRRHOSE: Le traitement qui stoppe l'angiogenèse pathologique et contrôle la maladie – Gastroenterology

Publié le 14 décembre 2015 par Santelog @santelog

La découverte de cette protéine cible et avec cette découverte, la possibilité de prévenir le développement des nombreux vaisseaux sanguins anormaux qui provoquent des saignements gastro-intestinaux, l’une principale complication de la cirrhose représente une grande étape dans l’espoir d’un nouveau traitement. Un coup double car une thérapie ciblant la protéine clé, permettrait non seulement de contrôler la cirrhose mais de prévenir le cancer du foie. Ces travaux viennent d’être publiés dans la revue Gastroenterology.

La cirrhose fait partie des 10 principales causes de décès chez les adultes. C’est aussi la première cause de transplantation du foie, un facteur d’hospitalisations et de dépenses importantes de santé en raison de complications qui surviennent aux stades avancés de la maladie. Cette lésion chronique caractérisée par l’accumulation de tissu cicatriciel (nodules fibreux: voir visuel de gauche), qui modifie la structure et la fonction normale du foie est causée principalement par l’alcoolisme, l’hépatite C, et de plus en plus par l’obésité. L’accumulation de tissu cicatriciel empêche la circulation du sang dans le foie, ce qui conduit à une hypertension portale (de la veine porte). Pour soulager la pression dans la veine, les vaisseaux sanguins collatéraux vont se développer à l’extérieur du foie. Le problème est double, le foie reçoit moins de sang, d’où des lésions plus sévères, et l’angiogenèse ou développement des vaisseaux est pathologique.

Les scientifiques de l’Institut de recherche en biomédecine IRB Barcelona révèlent, avec leurs travaux, que l’inhibition d’une protéine  » cible « , CPEB4, peut empêcher le développement des vaisseaux sanguins anormaux associés à la cirrhose. Or cette angiogenèse pathologique est l’une des complications les plus graves chez les patients présentant une cirrhose et un facteur clé dans le développement et l’aggravation de la maladie. C’est d’ailleurs pourquoi de nombreux efforts de recherche se concentrent sur le développement de traitements de cette complication.

Le besoin d’un traitement de l’angiogenèse pathologique : En cas de cirrhose, les cellules hépatiques tentent bien de réparer les lésions du foie, mais cet effort se retourne contre l’organe : les vaisseaux sanguins collatéraux sont fragiles et risquent d' » éclater  » (

ici cercles blancs sur visuel du haut

), ils forment des varices dans l’œsophage et l’estomac et le risque d’hémorragie interne est élevé. Il existe donc un énorme besoin pour un traitement qui puisse contenir voire empêcher la formation de veines pathologiques.

CPEB4, ou la découverte d’une protéine cible clé : dans le développement de vaisseaux sanguins, une protéine VEGF (facteur endothélial vasculaire de croissance) joue le rôle principal. Les médicaments actuels contre la néo-vascularisation cherchent donc à inhiber VEGF ou ses récepteurs, cependant, en ciblant cette protéine, le traitement affecte aussi le développement normal des vaisseaux sanguins, d’où des effets indésirables sévères.

La même équipe avait déjà montré que les protéines CPEB sont impliquées dans développement des vaisseaux sanguins dans le cancer du pancréas et du cerveau. Les chercheurs ont donc regardé le rôle de CPEB4 dans le contexte de la cirrhose. Ils démontrent que le développement des vaisseaux sanguins pathologiques peut être arrêté en inhibant les protéines CPEB4, et que cette intervention n’entrave pas la vascularisation saine. Sur des cellules in vitro, chez l’animal modèle de cirrhose, sur des échantillons de issus prélevés sur des patients atteints de cirrhose, l’équipe met ici en évidence les mécanismes moléculaires par lesquels l’augmentation de CPEB4 favorise la surexpression de VEGF dans la cirrhose.

Prévenir le cancer du foie : c’est selon la recherche, le cycle de réparation  » naturel  » des cellules hépatiques qui aggrave la situation dans la mesure où des nodules de régénération, présentant des niveaux élevés de CPEB4, forment carcinomes hépatiques. D’autres recherches sont d’ores et déjà engagées pour préciser le rôle de CPEB4 et développer un traitement pour le carcinome hépatique, troisième cause de décès par cancer dans le monde et cancer de mauvais pronostic avec un taux de survie de moins de 10% à 5 ans.

Source: Gastroenterology November 25, 2015 DOI: 10.1053/j.gastro.2015.11.038Sequential Functions of CPEB1 and CPEB4 Regulate Pathologic Expression of VEGF and Angiogenesis in Chronic Liver Disease(Visuel “les vaisseaux sanguins pathologiques (cercles blancs) ont des niveaux élevés d’expression de CPEB4 dans le tissu cirrhotique « @IRBBarcelona / IDIBAPS)

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