Alors que la dépression touche 7 à 19% des femmes enceintes, le recours aux antidépresseurs durant la grossesse pose la question des effets sur la grossesse et du risque de complications. Il pose aussi celle de l’exposition in utero sur la santé de l’enfant. Ici, ce sont les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), une classe spécifique d’antidépresseurs, qui sont mis en cause avec cette étude de l’Université de Montréal qui associe la prise d’ISRS au cours de la grossesse à un risque accru d’autisme pour l’enfant. De nouvelles données, sur un nouveau risque associé, qui posent à nouveau la question du bon usage des antidépresseurs durant la grossesse.
Car si la prise d’antidépresseurs durant la grossesse ne semble pas accroître directement le risque de décès de l’Enfant, ni de retard de croissance, d’autres risques ont déjà été documentés, dont la prématurité, la prédisposition de l’enfant à l’obésité, et même un certain risque d’anomalies à la naissance. Cependant, c’est l’une des premières études à aborder l’effet de l’exposition in utero aux antidépresseurs sur le risque de développer un trouble du spectre autistique (TSA).
Ici, l’étude a suivi près de 150.000 grossesses et 145.456 enfants nés à terme entre 1998 et 2009, à partir des données des registres canadiens.
· 1.054 enfants présentaient un TSA.
· 4.724 enfants avaient été exposés in utero aux antidépresseurs, dont,
– 90 % dès le 1er trimestre de grossesse,
– 50% au 2d et 3è trimestres de grossesse.
L’analyse constate que,
· l’exposition in utero aux ISRSau cours du 2d ou 3è trimestre de grossesse est associé à un risque accru de 87 % d’autisme.
· Ce n’est pas le cas si l’exposition intervient au 1er trimestre.
Les ISRS prescrits dans les derniers mois de la grossesse sont donc bien associés à un risque accru d’autisme chez l’Enfant. Ces médicaments pourraient en effet traverser le placenta, augmenter les niveaux de sérotonine et perturber ainsi son action de la sérotonine dans le développement du cerveau. Bien évidemment, il s’agit d’une association, et il reste difficile d’affirmer que la dépression elle-même ou d’autres facteurs environnementaux n’interviennent pas dans cette augmentation du risque d’autisme. Cependant, prenant en compte l’ensemble des risques déjà évoqués pour l’enfant, exposé in utero aux antidépresseurs, il est clair que leur prescription chez la femme enceinte est » sensible » et que les traitements non médicamenteux, comme la thérapie cognitivo-comportementale par exemple –qui semble parfois tout aussi efficace– sera à privilégier.
Source: JAMA Pediatrics Dec, 2015 (In press) via AFP
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