Entre la peur de décevoir et celle de ne pas en faire assez, le test du sapin ne manque pas d’épines : en particulier lorsque la traditionnelle ouverture des cadeaux se déroule en public. Rien de tel pour transformer la carte postale familiale en une scène de rivalités fraternelles, où le « second degré » de certaines surprises se digère plus mal encore qu’une huître défraichie. Qu’on le veuille ou non, l’investissement affectif se mesure -presque toujours- à la valeur (qu’elle soit matérielle ou sentimentale) du présent ; d’autant plus quand on s’est soi-même démené pour en trouver un qui sorte du lot ! « Plaisir d’offrir, bonheur de recevoir »: la trivialité de la formule saisit pourtant bien toute la symbolique du geste. Besoin de combler, d’être valorisé, de faire l’impasse sur ses goûts pour privilégier ceux de l’autre : autant de joyeuses raisons qui m’amènent désormais à annoncer d’avance la couleur de mon souhait. La spontanéité en moins, certes : mais la meilleure surprise n’est-elle pas celle que l’on attend impatiemment les 365 autres jours de l’année? La touche d’originalité, je la laisse au paquet cadeau.