Magazine Culture
Bonsoir à tous !
Alors que les élections régionales viennent de révéler leur verdict, on peut déjà faire un petit bilan : ce qui semblait joué il y a quelques mois l'est beaucoup moins ce soir. Alors qu'après les européennes et les départementales, beaucoup pensaient à un "nouveau 21 avril" (Droite et FN au second tour), rien n'est moins évident en fait dans un tripartisme de plus en plus confirmé.
Passons rapidement sur la pseudo-campagne de ces régionales. Le contexte a encore raccourci des élections qui de toute façon mobilisent assez peu et qui deviennent de plus en plus des répétitions générales, comme des étapes vers les élections présidentielles et législatives. Les professions de foi de quasi tous les candidats en sont le symbole : des idées générales, loin d'être toutes applicables au niveau régional, parfois peu concrètes. Ces élections "intermédiaires" sont pour la plupart le moyen d'exister politiquement, de rameuter les troupes pour montrer les biscoteaux, pour dire "qu'on va gagner en 2017". Passons également sur le faux étonnement après la poussée FN, le drame surjoué et rejoué ad nauseam depuis 2002, efficace pour isoler des électeurs et pour mobiliser contre le "danger totalitaire" (sic, Bertrand Delanoë). A chaque fois, le "message est entendu", comme l'a pointé la semaine dernière le Petit Journal. A chaque fois, "il faut comprendre"... Passons enfin sur la mascarade du Front Républicain qui pousse des gens de conviction à être privé de leur investiture de parti parce qu'ils se maintiennent au second tour (hommage à Masseret d'ailleurs, qui fut très honorable dans son positionnement).
L'enseignement de ces élections sont nombreux :
-A grands renforts des sondages et des médias, le "Front Républicain" a réussi à inverser dans deux régions une tendance qui semblait particulièrement difficile à renverser et à faire déjouer le Front National qui était pourtant dans des régions où il est toujours plus puissant, et dans une dynamique de poussée au 1er Tour.
-Après la quadripolaire (PCF-PS-UDF-RPR) et le système bipolaire ("UMPS"), c'est bien le tripartisme qui semble désormais être le cadre de notre paysage politique.
-Le Parti Socialiste tire son épingle du jeu alors qu'on le voyait perdre sa grande majorité de régions (21 après les élections de 2010). Il faut dire qu'il a profité de la fusion des régions qui gomme l'ampleur des défaites. Il faut également rappeler qu'il a profité sans aucun doute du contexte post-attentats qui a vu l'exécutif affronter la situation et donc engranger des points de confiance. Il faut enfin pointer le score très haut du Front National qui rend la droite plus faible et peut permettre à la gauche de sauver 5 régions : la Bretagne, le Centre, la Bourgogne-Franche Comté, l'Aquitaine Limousin Poitou Charentes et le Languedoc Roussillon Midi Pyrénées. C'est donc une défaite honorable et le maintien de la gauche dans ses territoires traditionnels.
-Les Républicains remportent une victoire en trompe-l'oeil. Ils ont bien moins tiré profit du contexte et leur critique du pouvoir et des difficultés de François Hollande sur la question du chômage, des migrations, du terrorisme,... a trouvé un écho bien moins grand que prévu. L'espace entre le PS et le FN se réduit à vu d'oeil et les Républicains se retrouvent à l'étroit alors même qu'ils n'ont pas de leader clairement identifié pour les mener vers la victoire. Certes, 7 régions (dont l'Ile-de-France) sont remportées. Mais deux l'ont été grâce au retrait des listes socialistes. Le chemin vers 2017 est encore long et rien ne permet d'affirmer que les Républicains assureront leur place au second tour, tant le tripartisme gêne leur positionnement et grignote leur électorat.
-Enfin le Front National n'a pas transformé l'essai. Une fois de plus, le Front National, malgré sa stratégie de dé-diabolisation, malgré une augmentation de son électorat, ne parvient pas à s'imposer comme un parti de gouvernement alors que les journaux titraient sur un parti "Aux portes du pouvoir". Avec 0 région au compteur, on constate que le Front National progresse très peu et n'a pas de réserve de voix à mobilier entre les deux tours. On pourrait arguer le fait que le "Front Républicain" s'est mobilisé entre les deux tours dans deux régions. Certes, mais dans ces régions, le Front National était très haut (plus de 40 pour cent). Et le "Front Républicain" ne peut expliquer la surprenante défaite en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes où Florian Philippot était pourtant en tête au 1er Tour. Il semble que le vote FN soit encore un peu contestataire puisque des sondages indiquent que 17 pour cent des électeurs du Front lors du premier tour ne seraient pas allé voter au second. C'est qu'il est évident que le FN a besoin de toute sa base électorale pour espérer l'emporter en compensant son isolement. Les militants frontistes se plaignent du "Front Républicain" et du fait qu'ils soient seuls contre tous. Mais chers amis, c'est le principe même d'un second Tour de présidentielle : être seul face aux autres. Si même dans ses régions "bastions" le FN ne parvient pas à prendre le pouvoir dans une configuration "2 candidats au deuxième tour", comment le pourrait-il au niveau national ? Alors que la situation économique, politique et sociale du pays pourrait difficilement être plus grave ? Peut-être serait-il temps d'acter de l'inefficacité de ce parti, trop isolé et détesté par certains français.
On le remarque, rien n'est joué pour 2017. Si le FN espérait être en ordre de bataille et remporter avec force plusieurs régions, il n'en est rien et 2017 sera peut-être déjà une dernière chance. Le Parti Socialiste a limité les dégâts mais son mandat n'est pas terminé et l'effet attentat peut se dissiper. Les Républicains enfin gagnent mais de justesse et ne savent pas encore qui envoyer au front pour 2017.
Vin DEX