C'est, cette fois encore, la voiture autonome – décidément incontournable – qui donne l'occasion à l'auteur de dessiner un scénario futuriste, inversant les perspectives habituelles de la gestion de l'argent. Cependant, tandis que nous envisagions avec Juan Mazzini (de Celent) une transition de l'assurance du bien vers l'assurance de la personne, Brett King nous emmène ici dans un mouvement exactement inverse. Voilà, s'il en fallait, une preuve supplémentaire de l'étendue des possibilités qui s'ouvrent aujourd'hui.
Imaginons donc un jeune adulte en 2025 ou 2030. Il possède une Google Car, autonome, en co-propriété avec une dizaine d'amis ou voisins. Lorsqu'il part au travail le matin, accompagné de 2 collègues, sa voiture vient le prendre devant chez lui. Une fois cette routine accomplie, sans aucune autre demande pour 2 ou 3 heures, l'automobile se connecte au réseau Uber, pour lequel elle réalise quelques courses. Vers midi, sa batterie presque vide, elle va se recharger sur une borne ou bien, réalisant qu'il est temps de procéder à une révision périodique, elle se rend au garage.
Au cours de cette journée, les passagers du matin participent aux frais et les clients Uber règlent leurs courses, puis il faut payer l'électricité et/ou la facture d'entretien. Toutes ces opérations sont réalisées automatiquement, grâce aux capteurs du véhicule et de son environnement, ou aux smartphones des utilisateurs. Et, en fin de mois, les « bénéfices » servent à rembourser l'emprunt contracté à l'achat. Alors, quoi de plus logique – et de plus simple – dans ces circonstances que d'imaginer une voiture possédant son propre porte-monnaie, utilisé pour l'ensemble de ces transactions ?
Les impacts d'un tel modèle sur les services financiers existants sont gigantesques. Brett King souligne, par exemple, l'absurdité qu'il y aurait à devoir contrôler l'identité de chaque co-propriétaire – surtout avec les procédures de « KYC » en vigueur actuellement – pour activer le porte-monnaie de leur Google Car. Et l'automobile n'est pas le seul « objet » concerné : déjà, avec Airbnb et ses équivalents, l'habitation est une candidate naturelle (petite colle : comment le futur frigo connecté va-t-il gérer les locataires ?).
Comme dans le secteur de l'assurance, face aux grandes mutations en cours dans le monde, il va devenir indispensable, à moyen terme (10 ans ? 20 ans ?) de réinventer entièrement les approches (et les pratiques) existantes dans la banque. À défaut de s'y préparer dès maintenant, les institutions financières traditionnelles s'exposent à une concurrence – encore embryonnaire, mais destinée à une expansion rapide – qui saura profiter des innombrables opportunités ainsi créées.