Dorothy Ellen Partington fut une actrice américaine née le 18 Novembre 1922 à Staten Island, New York. Elle débuta sa carrière comme mannequin au sein de l’agence Harry Conover Agency avant de se lancer dans une carrière théâtrale à Broadway. Pendant la seconde guerre mondiale, elle inspire le personnage de "Miss Lace" que dessine Milton Caniff pour ses comics destinés aux soldats américains entre 1941 et 1946.
Plus tard, elle apparait dans des seconds rôles au sein de feuilletons télévisés comme "Tales of Wells Fargo", et "Lawman", des westerns tournés entre 1958 et 1962. Elle tourne également dans le film "Ice Palace", tourné par Vincent Sherman en 1960. Mais sa carrière se cantonne à des rôles secondaires. Il est possible que d’avoir posée nue lui ait fermé définitivement les portes du star-système.
Peu importe, sa renommée viendra par le dessin. Surnommée Dottie, elle est en effet surtout connue pour son apparition dans "People on paper", une histoire de la bande dessinée, avec des clips de différents dessinateurs au travail, tourné en 1945. Qu’elle ait inspiré l’une des plus célèbres filles de papier, pour reprendre l’expression de Jacques Sadoul, n’est pas anodin. Car il faut bien reconnaître qu’elle est plus connue pour sa plastique que pour son jeu. De "Conover Cover Girl" elle devint "Comics Cover Girl" sous les traits de "Miss Lace", l'héroïne de Milton Caniff qu'il fit connaître à des centaines de milliers de GI pendant la seconde guerre mondiale entre 1941 et 1946 au sein de la série "Male Call". Milton Caniff dessinant "Miss Lace" devant son modèle Dorthy Partington dans son studio en 1946.Ce qui est étonnant est que Miss lace détrôna Miss Burma, l’héroïne originale de la série Male Call. Sans m’aventurer dans de la psychologie de comptoir, ce que je serais incapable de faire, n’étant pas particulièrement porté sur les conversations de bar, la brune Miss Lace correspondait bien plus à l’idéal du jeune américain que la sombre et inquiétante blonde Miss Burma.
Une génération plus tard, Dottie revenait en force sous le pinceau d’un autre dessinateur de BD qui n’avait rien à voir avec la seconde guerre mondiale. Elle est cette fois l’héroïne de "Pin-Up", une série créée par Berthet & Yann.
50 ans s’étaient écoulés et du coup, la belle Dottie écumait d’autres théâtres d’opérations de l’armée américaine, notamment au Vietnam. Les auteurs auront la délicatesse de ne rien enlever à la force de caractère et à l‘aspect sexy que lui avait octroyés Milton Caniff. Côté scenarii, par contre, rien à voir. Il ne s’agit plus de répondre aux fantasmes des G-I. La cible est plus généraliste. Certains épisodes se passent d’ailleurs aux États-Unis, et le combat est plus noir mettant en scène la mafia ou les espions soviétiques. La série est bourrée de clins d’œil que je vous laisse découvrir. Toujours est-il que là aussi le succès est tel que les auteurs poursuivront l’aventure avec une autre héroïne, "Poison Ivy" qui cette fois rendra hommage à une des plus célèbres playmate américaine, Bettie Mae Page.Pour en revenir à Dorothy Partington, elle fut mariée à un héros de guerre, Charles Fredrick dont elle divorça en 1951, puis à George B. Armstrong qu’elle épousa en 1953. Le couple quitte New York peu de temps plus tard, en 1956, pour Los Angeles. Bien qu’elle soit au cœur de l’industrie cinématographique, sa carrière piétine. Vous savez maintenant pourquoi. Etre une femme libre, assumant sa carrière, sa sexualité et œuvrant pour la future libération féministe des années 60, c’est se brûler avant l’heure. Ne tournant plus, elle travaille pendant quelques années avec le scénariste Harry Kleiner dans la recherche et l'écriture de scénarii, notamment sur les films "Bullit" et "Le voyage fantastique". Puis, après son second divorce, afin de gagner sa vie et aider sa famille, elle abandonne paillette et strass pour un obscur emploi de bureau. Quelques années après avoir pris sa retraite, elle décède le 5 mai 2011 à Long Beach, Los Angeles. Elle est enterrée au "Forest Lawn Memorial Park" sur Hollywood Hills, le cimetière des stars américaines. La foule ne s’était pas déplacée.
Mais, pourquoi donc vous ai-je parlé d’elle ?