Il était une fois en Suisse, dans le Jura, massif montagneux plissé franco-suisse et partie francophone de l'ancien évêché de Bâle initialement rattachée au canton de Berne. De peur d'être bernés par les germanophones, les Jurassiens ont regagné officiellement leur souveraineté en 1979 et abouti à la création du dernier-né des cantons de la Confédération Helvétique, celui du Jura, que d'aucuns verraient bien s'émanciper encore plus et redevenir l'antique Rauracie. Rare aussi à cette époque-là, cantonnée à une production artisanale et personnelle, la vigne va également se déployer sur les plus beaux coteaux du canton. Notamment à Montsevelier, grâce à l'initiative de Martin Buser.
Il est encore loin le temps où les évêques de Porrentruy percevaient une dîme annuelle de 500 000 litres de vin, mais Martin Buser y travaille, en replantant notamment des cépages résistants qui lui permettent de tirer définitivement un trait sur les traitements chimiques. Solaris, saphira, cabernet cortis (plutôt que cabernet jura, incomplètement résistant), souvignier, colonisent ainsi les parchets, en plus du chasselas. Mais pas une once de savagnin, ce qui rend totalement improbable la confusion avec les vins du Jura français. Au total, chez la grosse poignée de vignerons jurassiens, une trentaine d'hectares, répartis sur les communes de Buis et Alle (là où il y a d'l'Ajoie!), Montsevelier, Vermes et Moutier.