"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; un trouble s'éleva dans mon âme éperdue"
Le roi Thésée s'est absenté depuis longtemps. En son absence, son fils Hippolyte est tombé amoureux de Aricie, captive ennemie de Thésée. La reine Phèdre se laisse mourir, avouant finalement à sa nourrice, Oenone qu'elle éprouve une passion incestueuse pour son beau-fils. L'annonce de la mort de Thésée délie les langues, chacun avouant enfin ses dési rs secrets. C'est alors que Thésée réapparaît...
Phèdre est la figure tragique par excellence : marquée du sceau de la fatalité puisque Vénus, décidée à se venger du Soleil et de sa descendance parce qu'il a révélé ses amours illicites avec le dieu Mars, condamne Phèdre à aimer son beau-fils Hippolyte. Phèdre a beau lutter contre ses sentiments, elle n'est pas de taille face à la force de l'amour et du destin. Aveuglée, désemparée, elle se tourne vers sa confidente mais sera mal conseillée.
Ce texte d'une grande beauté décrit le déchirement de la passion inassouvie et illicite. Le combat passion-raison est un leitmotiv de la tragédie classique : comment concilier pulsions passionnelles et honneur lié à la raison ? Sont-ils finalement conciliables ? Dans la lignée des perspectives jansénistes les personnages raciniens sont les enjeux d'une lutte entre forces du bien et forces du mal. Ils aspirent à la lumière mais restent englués dans le péché.
" Les personnages de Racine sont semblables à ces dormeurs qui, plongés dans un épouvantable cauchemar, se voient courir au désastre, à la mort, sans pouvoir les éviter, se sentent poursuivis par des êtres effrayants, sans avoir la force de faire un geste pour leur échapper " Gide
Admirablement mis en scène par Chéreau