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L'aluminium mis en examen

Publié le 12 décembre 2015 par Dominique Le Houézec

Afficher l'image d'origineIl existe actuellement une controverse concernant l’innocuité de l'adjuvant aluminique vaccinal. Malgré les dénégations persistantes des autorités de santé, cette molécule est en effet fortement soupçonnée de déclencher, chez certaines personnes, une affection neuromusculaire décrite en France en 1998 sous le nom de myofasciite à macrophages (MFM).



Historique :



Le rôle de l’adjuvant vaccinal a été découvert par Ramon en 1925 lors de ses travaux sur le degré de réponse au sérum antidiphtérique chez le cheval. Parmi diverses substances, les sels d’aluminium (Al) furent rapidement adoptés chez l’homme comme molécule capable de majorer la réponse immunitaire à l’injection d’un antigène vaccinal, de façon purement empirique. L’Al stimule surtout la réponse immunitaire humorale, mobilisant les cellules (lymphocytes B) qui déclenchent la réponse immune adaptative.

La majorité des vaccins commercialisés actuellement contiennent cet adjuvant (DTCoqPolio, hépatite A et B, méningocoque C, papillomavirus, pneumocoque).
Une alternative a longtemps été possible puisque l’Institut Pasteur a commercialisé durant des décennies des vaccins  « IPAD » (DTPolio et DTcoqPolio) dont l’adjuvant était le phosphate de calcium, sans effet secondaire notable (avec l’avantage d’utiliser le calcium, composant naturel de l’organisme). Lorsque la branche vaccins de l’Institut Pasteur fut vendue au laboratoire Mérieux  en 1984, ses responsables imposèrent, par simplification, leur propre adjuvant aluminique.
Un autre choix existait encore ensuite jusqu'en 2008, avec l’existence d’un vaccin DTPolio, commercialisé par le même groupe Sanofi-Pasteur-MSD, qui ne contenait pas d’adjuvant. Mais celui-ci fut retiré brutalement du marché à la suite de déclarations de réactions allergiques rapportées par le fabricant et dont la fréquence un peu plus notable n’atteignait en fait qu’un seul lot et semble très contestable. Ceci permet à l’industriel de détenir le monopole de vente du vaccin DTPolio avec adjuvant (Révaxis) et à un prix plus élevé.
L’utilisation de l’Al vaccinal est donc désormais un passage obligé, source de contestations répétées et médiatisées. Ce d’autant qu’il touche une vaccination (DTPolio) que la loi impose en France à tous les jeunes enfants.

Que sait-on des risques de l’aluminium vaccinal ?


L’adjuvant aluminique peut être responsable de phénomènes allergiques cutanés à type de granulome persistant, parfois quelques années, au point d’injection (Barbaud 1995). Cette manifestation serait due à un phénomène d’hypersensibilité retardée.
Les risques neurologiques de fortes doses d’aluminium sont connus de longue date, depuis surtout la découverte de l’origine de «l’encéphalopathie des dialysés» (Cf. vignette en bas de page "L'aluminium pour les nuls").

L'aluminium examen
Un palier important dans la nocivité potentielle de l’Al a été franchi lorsque cette molécule a été mise en accusation en tant qu’adjuvant associé aux vaccins injectés par voie intramusculaire. Nous sommes en 1998, peu de temps après le début de la campagne de vaccination généralisée contre l’hépatite B en France qui vient d’aboutir à une vaccination massive de plus de 20 millions de personnes sur 4 ans. Une publication princeps [1] sort cette année-là émanant d’un groupe de neuro-pathologistes travaillant dans le cadre des recherches scientifiques de l’AFM (Association Française contre les Myopathies). Ils décrivent une affection inconnue définie par une image de biopsie musculaire tout à fait particulière et inconnue qui est baptisée myofasciite à macrophages (MFM). Il existe en effet dans le fascia entourant les fibres musculaires des amas de cellules, les macrophages, qui contiennent des granulations non identifiées. Les recherches ultérieures montreront qu’il s’agit en fait de cristaux d’aluminium persistants au site d’une injection vaccinale antérieure. La biopsie musculaire des 14 personnes incluses dans cette première publication présentaient toutes des symptômes associant des douleurs musculaires prolongées ainsi qu’une fatigue chronique.

Au fil des mois, une cohorte de quelques dizaines de cas (54) est recensée par la même équipe [2], permettant une approche plus complète de cette affection émergente. Les personnes présentant ces lésions de MFM ont une symptomatologie stéréotypée faite de douleurs musculaires et articulaires diffuses, d’une fatigue chronique intense ainsi que des troubles cognitifs (mémoire, attention, concentration…) qui pourrait presque simuler une affection psychosomatique. Un tiers d’entre eux présentent de plus une affection auto-immune associée (sclérose en plaques surtout). Toutes ont enfin reçu, dans les mois ou années précédents, une injection de vaccin contenant un adjuvant aluminique (Hépatite B surtout, hépatite A ou DTPolio). Parallèlement aux personnes présentant la signature histologique de la MFM (54), cette étude avait permis de la comparer, de façon rétrospective, à une population témoin (565) venue consulter pour des troubles neuromusculaires divers (dont surtout des myalgies) et dont la biopsie ne présentait aucun signe histologique de MFM. En ayant pu réinterroger une partie des personnes de ces deux cohortes sur leurs antécédents vaccinaux, 113 d‘entre-elles déclarèrent avoir reçu précédemment un vaccin contenant un adjuvant aluminique.  Sur ces 113 personnes vaccinées, 97 (soit 87%) faisaient partie du groupe témoin (sans signes histologique de MFM) et 16 (soit 13%) appartenaient au groupe ayant des stigmates histologiques de myofasciite. Ce point démontre clairement que, chez les patients consultant pour des douleurs musculaires et ayant reçu une vaccination antérieure, presque 9 fois sur 10 (87%), on ne retrouve pas d’image d’inclusions aluminiques évocatrices de MFM. L’image de myofasciite n’est donc pas un simple «tatouage vaccinal» comme on le verra écrit plus tard par certains défenseurs inconditionnels pro-vaccinaux [3] mais un critère histologique spécifique définissant la MFM-maladie.

E3M (Entraide aux Malades de Myofasciite à Macrophages)
C’est à cette période que le regroupement des personnes touchées par ce syndrome se met en place au sein de l’association E3M. Leur  revendication principale est bien sûr la reconnaissance de leur maladie et la poursuite de recherches sur les causes de leur affection qui parait secondaire avant tout à un acte vaccinal. La réintroduction de vaccins sans adjuvants aluminiques (Vaccin DTPolio supprimé en 2008 par le laboratoire Sanofi sous un prétexte très douteux d'excès de réactions allergiques) est aussi une demande prioritaire et logique
de cette association qui ne demande que l'application du principe de précaution.



La pharmacovigilance nationale (AFSSAPS) est sollicitée pour donner son sentiment sur cet ensemble de symptômes assez stéréotypés et leurs liens avec l’image musculaire post-vaccinale. Une étude cas-témoins permet de comparer 25 personnes dont la biopsie musculaire avait révélé une lésion de MFM et 93 témoins porteurs de pathologies neuromusculaires pour lesquelles la biopsie ne montrait pas d’image de ce type. Une fréquence nettement plus grande de fatigue chronique existe chez les personnes MFM + tandis qu’aucune différence n’est relevée en ce qui concerne les symptômes myalgies et arthralgies. Cette étude est présentée officiellement comme négative du fait de la faiblesse des effectifs (25) et de l’absence de définition précise de la maladie MFM, les auteurs recommandent cependant une recherche complémentaire [4]. A signaler  que les conflits d’intérêts des membres du conseil scientifique de l’AFSSAPS de l’époque étaient patents.


Les expérimentations animales [5] chez la souris vont venir apporter un éclairage important à la compréhension de la MFM. Lorsqu'il est injecté en intra-musculaire, l'Al. (marqué par fluorescence) reste dans le muscle ou bien se distribue pour partie (50%) dans le système lymphatique, passe dans les macrophages sanguins, la rate et enfin tardivement et lentement, via ces mêmes macrophages, dans les structures cérébrales où il reste stocké de façon cumulative. "On s’achemine actuellement vers l’idée que  certaines personnes auraient, en raison de leur âge, ou d’un terrain génétique particulier, une propension particulière à développer une inflammation musculaire et cérébrale induite par l’hydroxyde d’aluminium", explique le Pr. Ghérardi. 
Ces expérimentations animales semblent également démontrer que les faibles doses d'aluminium (pouvant correspondre à ce que reproduit une vaccination) induisent une concentration cérébrale et une neuro-toxicité plus notable que des injections de doses élevées. Ce n'est donc pas ici "la dose qui fait le poison" comme on l'observe dans la toxicologie classique.



Les troubles cognitifs (mémoire, concentration...) objectivés par des tests neuropsychologiques chez les personnes atteintes de MFM attestent bien la présence de lésions organiques cérébrales (pouvant être mises en évidence sur des images de scintigraphies cérébrales ou de PET-scans).
L'apparition d'un MFM chez certaines personnes et pas chez d'autres serait peut-être due à un facteur génétique non encore bien déterminé (typage HLA DRB1*01) et/ou à l'accumulation de vaccins aluminiques au fil de la vie. Les dernières données concernant la susceptibilité pour une personne de voire apparaître une MFM serait une particularité des gènes de "l'autophagie" (système cellulaire permettant à celles-ci de dégrader des particules étrangères par ses propres lysosomes). Les anomalies de ces gènes pourraient expliquer la persistance prolongée de l’aluminium intra-cellulaire et son transfert ultérieur au niveau cérébral.
Le nombre exact de personnes atteintes par cette pathologie émergente est sûrement fortement sous-estimé. Il se compte probablement par milliers. Le rôle nocif de l'Al pourrait expliquer un très large spectre de pathologies voisines et mal connues (syndrome de fatigue chronique, syndrome de la guerre du Golfe). Toutes ces affections mal connues sont en effet souvent prises au départ au mieux pour des affections psychiatriques au pire pour des "malades imaginaires", devant l'absence d'éléments objectifs retrouvés lors des explorations réalisées. Certains immunologistes [6] évoquent même la possibilité d'un cadre plus large d'un syndrome auto-immunitaire induit par les adjuvants appelé "ASIA".

Que fait-on avec tout cela ?


En juin 2004, les responsables de l’OMS reconnaissaient que « l’innocuité des adjuvants est un domaine important et négligé. Dans la mesure où les adjuvants ont leurs propres propriétés pharmacologiques, susceptibles de modifier l’immunogénicité et la sécurité des vaccins, l’évaluation de leur innocuité est indispensable » [7]

Beaucoup de choses restent donc à découvrir à propos de cette (ces) pathologie(s) associée(s) à l’adjuvant aluminique. Il faudrait pour cela que les autorités sanitaires s’en donnent réellement les moyens sans craindre que ces découvertes ne remettent bien sûr en cause l’utilité des vaccinations ni déstabiliser les certitudes inébranlables du lobby pro-vaccinal ("La vaccination, çà ne se discute pas"). La politique de l'autruche n'a jamais fait progresser une démarche scientifique efficace.  

Dominique LE HOUEZEC



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L’ALUMINIUM POUR LES NULS
L’aluminium (Al) est un métal naturellement présent de façon abondante au sein de l’écorce terrestre, extrait le plus souvent de la bauxite. L’Al. métal est largement utilisé par l’industrie pour sa légèreté et sa résistance à l’oxydation. Certains composés minéraux (sulfates) sont utilisés pour le traitement des eaux. L’hydroxyde d’Al est aussi utilisé dans des cosmétiques anti-perspirants. La concentration en Al de certains médicaments antiacides (Phosphalugel…) est très notable. Enfin la majorité des adjuvants vaccinaux sont à base de cette molécule.

L’Al n’est pas un constituant naturel de l’homme et son existence est toujours d’origine exogène. Chez l’homme, l’absorption orale alimentaire (additifs alimentaires, ustensiles de cuisine, papiers d’emballage …) est très faible (inférieure à 1%). 
L’absorption par inhalation est également négligeable (inférieure à 2%) sauf éventuellement chez les ouvriers de cette industrie. L'absorption trans-cutanée est peu étudiée mais paraît négligeable, sauf sur une peau lésée.
L’Al une fois absorbé est transporté par voie sanguine, lié surtout à la transferrine (80%) se déposant ensuite dans le foie et la rate. L’Al lié à des protéines se dépose surtout dans l’os. La charge en Al. se répartit entre l’os (50%), le poumon (25%), le foie (20%), la rate et également le système nerveux. Ces concentrations tissulaires augmentent avec l’âge.La majorité de l’Al ingéré per os se retrouve dans les selles. L’élimination de l’Al absorbé se fait surtout par voie urinaire. La demi-vie dépend de l’exposition et s’effectue sur trois phases, rapide, lente et très lente pouvant s’étaler sur quelques années. 

La majorité des agences internationales de santé, dont l’OMS, ont fixé la dose journalière tolérable à 1 mg/kg.

La neurotoxicité de l’aluminium a d’abord été mise en évidence à l’occasion de l’inhalation chronique chez des professionnels de cette industrie. (Spofforth, 1921). Cinquante années plus tard, une « encéphalopathie des dialysés » a été mise en lien avec des teneurs excessives d’Al dans le liquide des bains d‘hémodialyse [8], avec de plus un rapport avec la dose cumulée reçue. La relation entre Al et maladie d’Alzheimer reste controversée. L’étude d’une cohorte française de personnes âgées [9] retrouve un risque (entre 1,5 et 2,5) d’apparition de démence ou d’Alzheimer dans les communes où la concentration en Al. de l’eau est trop élevée (> 100 µg/l). Une étude cas–témoins réalisée au Canada [10] avait retrouvé des résultats similaires. Les épidémiologistes reprochent de nombreux biais à ces études et la faiblesse de la plausibilité biologique, l’eau de boisson ne représentant qu’un faible pourcentage des apports d’Al chez l’homme, si on la compare par exemple à la prise prolongée de médicaments antiacides.

Selon le Pr. Exley, biochimiste reconnu comme spécialiste international de l'aluminium, sa toxicité pourrait être un facteur à l'origine de plusieurs affections dont la ou les causes restes méconnues :
maladie d’Alzheimer, maladie de Parkinson, sclérose en plaques, syndrome de fatigue chronique, ostéomalacie, maladie de Crohn, sarcoïdose…[11]

Des déficits des scores de développement psychomoteur ont été mis en relation avec les apports en Al contenus dans une alimentation parentérale prolongée chez d’anciens prématurés, avec une relation dose effet [12].

L'animal n'est pas non plus indemne des risques de l'aluminium. Face au développement du sarcome félin imputé aux sels d’aluminium utilisés dans les vaccins, Mérial, filiale de Sanofi pour les produits vétérinaires, a retiré l’aluminium de ses vaccins et en fait pour cela un argument de vente un argument de vente en les qualifiant rétrospectivement "d'adjuvants chimiques" [13]. Ce qui serait possible chez l'animal ne le serait donc pas pour l'homme.

Pour aller plus loin, on peut lire l’expertise collective INVS de 2003 où l'on peut lire que «de nombreuses études montrent à présent que l'aluminium peut être toxique pour les plantes, les animaux et l'homme" [14]


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BIBLIOGRAPHIE

[1]  Gherardi RK, Coquet M, Chérin P, Authier  FJ, Laforet P, Belec L. et al. Macrophagic myofasciitis, an emerging entity. Groupe d'Etudes et Recherche sur les Maladies Musculaires Acquises et Dysimmunitaires (GERMMAD) de l'Association Française contre les Myopathies (AFM). Lancet 1998 ; 352 : 347-52
[2]  Gherardi RK. Coquet M. Chérin P. Belec L, Moretto P. Dreyfus P-A. Pellissier J-F. Chariot P. Authier F-J Macrophagic myofasciitis lesions assess long-term persistence of vaccine-derived aluminium hydroxide in muscle. Brain, 2001; 124: 1821-31
[3]  Siegrist CA. Les adjuvants vaccinaux et la myofasciite à macrophages. 25 novembre 2003. Bull. Acad. Natle Méd, 2003, Tome 187,  No 8, p. 1511-1522
[4] Etude épidémiologique exploratoire de la myofasciite à macrophages. Département de pharmacologie. CHU de Bordeaux. Octobre 2003
[5] Gherardi RK et FJ Authier (INSERM U 955) Myofasciite à Macrophages : caractérisation et physiopathologie. Lupus (2012) 21, 184–189
[6] Shoenfeld Y, Agmon-Levin N. "ASIA" - Autoimmune/inflammatory syndrome induced by 
adjuvants. J. Autoimmun. 2011 Feb;36(1):4-8.[7] OMS Sécurité des adjuvants. Extrait du rapport de la réunion du GACVS du 10 au 11 juin 2004
[8] AlfrayAC, LeGendre GR, Kaehny WD. The dialysis encephalopathy syndrome. Possible aluminium intoxication. N Engl J Med 1976; 294(4):184-8.
[9] Rondeau V, Commenges D, Jacqmin-Gadda H, Dartigues JF. Relation between aluminum concentrations in drinking water and Alzheimer's disease: an 8-year follow-up study. Am J Epidemiol 2000 Jul 1; 152(1):59-66
[10] McLachlan DR, Bergeron C, Smith JE, Boomer D, Rifat SL. Risk for neuropathologically confirmed Alzheimer's disease and residual aluminum in municipal drinking water employing weighted residential histories]. Neurology 1996; 46(2):401-5.
[11] Exley C. "Aluminium and medecine" in Molecular and Supramolecular Bioinorganic Chemistry.  2008 Nova Science Publishers[12]  Bishop NJ, Morley R, Day JP, Lucas A. Aluminum neurotoxicity in preterm infants receivingintravenous-feeding solutions. N Engl J Med 1997; 336(22):1557-61.[13] MERIAL  Monographie de la gamme des vaccins Purevax[14] INVS Nov 2003. " Aluminium. Quels risques pour la santé ?" 


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