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Soutien virtuel à 8000 km

Publié le 12 décembre 2015 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Les Martiniquais connaissent forcement quelqu’un en France. Ils ont tous un membre de leur famille, une sœur, un frère ou encore un enfant qui étudie à Paris. Paris est souvent perçue comme la ville des rêves. On y part s’y former et on en revient "cultivé" avec pour certain avec un accent "à la parisienne". Durant les grandes vacances, partir à Paris est une fierté, une reconnaissance de l’accession au Graal! Et pourtant, l'après-midi du vendredi du 13 novembre, cette ville est apparue terrifiante, spectacle de l’horreur humaine….
Il est 16 heures en Martinique quand les nouvelles du drame touchent l’île via la télévision avec une interruption du match France - Allemagne, ou encore par la radio. Après les inondations de la semaine précédente causées par des pluies diluviennes, voici une énième actualité qui trouble. D'un coup, tout s’active, les méninges, les sens, un sentiment d’inquiétude nous envahit, les portables à la main*…
Impuissants, les facebookiens martiniquais recherchent désespérément des informations sur la toile et tout est source d’information. Certains dénoncent les rumeurs circulant et appellent à la prudence. Images, dernier mail échangé, application "Je suis en sécurité à Paris" où les amis sur Facebook pouvaient y signaler leur présence. Ouf! Il est vivant.

Entre crainte et peur, moult émotion.
"J’ai cherché à joindre mon fils toute la soirée. Aucune nouvelle. C’est finalement, deux heures après que ma sœur m’a appelé pour m’informer que tout allait bien", confie Leena, mère d’un jeune homme de 28 ans.

"Moi, j’ai pensé au vendredi 13, jour de chance, mais je n'y crois pas. Je ne souhaitais pas sortir. Et puis, je me suis dit zut, je suis en congé. Je sors. Vers 16h, je regarde mon match et là je découvre l’horreur sans nom. Nom neveu vit là-bas, il a été blessé", raconte Eve.

Dimanche matin certains ont affirmé leur soutien aux victimes en modifiant leur profil par un profil temporaire aux couleurs bleu, blanc, rouge proposé par Facebook. Mais très vite, cette marque de soutien est l’objet d’un débat entre les "amis facebookiens". Certains ne comprennent pas ce soutien: "Désolée, je suis choquée par tout se qui se passe en France. Mais je ne peux pas mettre le drapeau français sur mon visage, libre à vous, je ne juge pas mais je ne valide pas", publie un internaute. "J'ai mis le drapeau par solidarité, chacun voit à sa manière, chaque personne est libre de son choix, heureusement!", répond un second. D’ailleurs certains n’hésitent pas à manifester leur haine: "Le colonialisme vient des noirs!!! C'est vous qui avez proposé ce "marchandage" pour soi-disant avoir une vie meilleure! C'est vous qui avez fait le choix de vendre VOS enfants pour de l'argent!!!"

Appel au rassemblement, bougie aux fenêtres, débat sur la nationalité, repas entre familles, simples sorties à la page.
A moins d’un mois de la CTM, les partis politiques décident d’interrompre leur campagne électorale. La France est en état d’urgence pour trois jours.

Lundi 16 novembre, après 72 heures d’informations en continu, difficile d’oublier cet événement. 12h00, c’est l’heure de la minute de silence, un moment de communion, où le soutien aux victimes peut enfin se manifester publiquement.

Les élus DOMiens sont présents au Congrès exceptionnel organisé à Paris. Ils souhaitent aussi que les Outre-mer soient associés à cette mesure exceptionnelle. La Martinique c’est aussi la France, répliquent-ils, nous devons également y renforcer la sécurité…
Mardi 19h00, Paul Langevin, ministre des Outre-mer annonce que l’état d’Urgence est étendu à certains îles de l’Outre-mer dont la Martinique. * En 2015, le nombre des téléphones mobiles en Martinique s’élevait à 584.000. La Martinique compte près de 400.000 habitants. (Source: Mediaphore.fr)

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