Retour sur hamlet en 30 minutes

Compte-rendu et impressions sur HAMLET EN 30 MINUTES au Théâtre d'O - Montpellier le 9 septembre 2015

RETOUR SUR HAMLET EN 30 MINUTES

Par la Cie Bruiquicourt

Spectacle de Luc Miglietta

Théâtre d'O -Montpellier

Jeudi 9 septembre à 20 h

Être ou ne pas être... drôle, telle n'est pas, ce soir, la question !

Hamlet, vous connaissez ? Un grand type, normalement danois et tout de noir vêtu, discutant avec un crâne et se posant des questions existentielles. Ça y est, vous y êtes ?

C'est aussi la plus longue et la plus compliquée (voire embrouillée) des pièces de ce cher Williams digérée, pour l'occasion, et restituée en (presque) 30 minutes.

Voilà une expérience qu'il faut avoir vécu, au moins une fois dans sa vie !

Alors tous en wagon dans le " Hamlet Express ", destination la cour d'Elseneur.

L'histoire, on la connaît, certes, mais après cette soirée on l'a, enfin, comprise ! Une famille royale très ordinaire, celle de Horvendil, roi de Danemark. Il y a un jaloux pervers et assassin, Claudius, le frère du roi, une belle reine, Gertrude, et un prince héritier, Hamlet. Le jaloux tue son frère, épouse sa veuve et voudrait bien se débarrasser de son neveu, le gênant Hamlet.

Passé à la moulinette Miglietta, cela devient une course folle vers un dénouement au grand galop.

La troupe, trois Hamlet, différenciés par la couleur de leurs mignons bonnets tricotés, style " andin ", et l'immense Horatio-Miglietta se dépense sans compter. Quatre comédiens... mais non vous dis-je, ils sont plus nombreux ! Regarde la photo finale, celle où ils viennent saluer le public. La troupe, c'est le public tout entier. Grâce à Bruitquicourt, on découvre le théâtre participatif et le recrutement continu au sein d'une troupe théâtrale. Bien ciblés, ces engagements au pied levé. Ophélie, tout d'abord, blonde et mignonne à souhait, le Garde, solide et bien bâti, la Reine, grande, belle et majestueuse, l'Homme Judicieux, mûr et réfléchi et le Curé (oui !), moustachu, comme il se doit. Voilà la solution à la composition d'une troupe... " Nous partîmes à quatre ; mais par un prompt renfort, Nous nous vîmes neuf en arrivant au port " (Corneille, copie non conforme !).

L'affaire va bon train, même si par moments la " baguette magique " du maître de séance met bon ordre à la course, trop rapide, des aiguilles de l'horloge. Maître de séance, maître du temps, maître de nos rires, Miglietta règne en maître absolu sur ses quelques maîtres (mètres..., excusez c'est l'émotion...) carrés de scène. Il court s'époumone, transpire, évoque un spectre " explosif " et fumeux, joue les utilités, combat en duel... il sait tout faire cet homme, pour notre plus grand plaisir. Il réussit même à devenir une " Mère juive ", en direct de " Là-bas "... " Il est beau, mon fils ! ". Des moments d'intense émotion lorsqu'il décline " Le meurtre de Priam " et " Le Théâtre ", sur tous les tons. Des moments d'action violente avec la mort de Polonius, le duel avec Laërte, la mort ignominieuse (et détaillée) de Claudius. Par ici les boyaux et par là le reste... échappements compris ! Les nouveaux acteurs se montrent à la hauteur, Ophélie a du texte et de la répartie, la Reine, des lunettes qui ne vont pas à Horatio (oui, il les a essayées !), le Judicieux est de très bon conseil (le silence est d'or) et le Curé a bien de la moustache ! Enfin, n'oublions pas la dimension musicale de l'Œuvre : le " monologue existentiel ", accompagné à l'accordéon. Ah, si Shakespeare avait su !

Entre " Metabolismo " et " King of the kingdom ", " Hamlet " prend sa place et confirme le génie drolatique du " démoniaque " Miglietta.

Je ne vous en dirais pas davantage, vous n'avez qu'à aller le voir !

Car, ce n'est pas une découverte, avec plus de huit cents représentations depuis sa création en 2008, " Hamlet en 30 minutes " est parti à l'assaut de la planète. Le bruit qui court c'est que même les Russes... en traduction simultanée, y ont eu droit. Poutine s'est-il reconnu ?

Je terminerai ce " billet d'humeur " (de bonne humeur, s'entend) par l'expression de mes nouvelles connaissances en russe. Pouce !... J'allais oublier un élément essentiel, l'aide pédagogique à l'enseignement des langues étrangères apportée par " Hamlet en 30 minutes ". On y apprend aussi les langues étrangères, l'anglais, l'américain, " fucking down ", et, maintenant le russe !

Alors, tous ensemble, pour la photo finale, reprenons : " Spasiba bolchoï " (Merci beaucoup) !

Et j'ajouterai, pour en finir une fois pour toute, " Banzaï ¹ ", mais cela c'est du japonais et une toute autre histoire... Quoique !

Note 1 : Banzaï, expression japonaise venue du chinois, utilisée pour souhaiter la longévité et par extension, lors de célébrations, d'événements heureux, le bonheur à une tierce personne, à une communauté. La compagnie Bruiquicourt

(La compagnie, par elle même)

" Depuis 2003, la Cie Bruitquicourt développe la production, la création et la diffusion de spectacles vivants sous la houlette de Luc Miglietta, artiste comédien clown autodidacte.

Au fil de son développement, elle s'est définie comme un mouvement artistique alternatif défendant des spectacles atypiques et puisant ses idées dans l'écriture burlesque et absurde voire clownesque. Notre désir de jeu et d'expérience théâtrale nous pousse loin des contraintes techniques et artistiques conventionnelles et nous donne la liberté de créer tout azimut soit pour le théâtre, le jeune public ou encore le théâtre de rue en privilégiant l'idée que le berceau du spectaculaire réside dans l'émotion humaine.

Nous souhaitons également dans notre travail, ne jamais nous séparer du public. En l'associant au spectacle, il devient un partenaire de jeu pouvant influencer de part sa présence le spectacle au moment où il se joue. Nous cultivons l'instant pour ne jamais être dans la répétition mais toujours dans la création. "

http://www.bruitquicourt.com/ Vidéos