La chaîne d'approvisionnement de la banane symbolise l'injustice du commerce international. Lorsqu'en 2001 les prix de la banane chutaient de 25%, les distributeurs augmentaient leurs marges de 40%. A la même période, les pays producteurs connaissaient une augmentation significative du coût de la vie (nourriture, santé, éducation...) : + 278% par exemple en République Dominicaine. « En France, le distributeur touche 56,4% de la valeur d'une banane en provenance du Cameroun alors que les travailleurs-ses touchent en seulement 4,4%. Cette répartition inéquitable de la valeur ajoutée ne permet certainement pas de garantir aux travailleurs-ses un salaire minimum vital et des conditions de travail décentes à l'aune des standards de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) » affirme Ingrid Aymes, chargée de campagnes chez Peuples Solidaires ActionAid France.
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Cela ne s'arrête pas là : les distributeurs sont dans une phase de rapprochement de leurs centrales d'achat, pour gagner encore davantage de pouvoir de négociation. « Prix trop bas qui ne couvrent pas les coûts de production et ne rémunèrent pas les producteurs, prix trop instables qui ne leur permettent pas de prévoir et d'investir, pratiques commerciales déloyales des industriels et distributeurs,... la politique de bas prix des supermarchés n'est profitable ni pour les producteurs, ni pour les consommateurs » affirme Emilie Sarrazin-Biteye du mouvement FAIR[e] un monde équitable. En France, le prix des bananes à la consommation est plus élevé que sur les autres marchés des Etats membres de l'Union européenne.
Toutefois, les supermarchés français ont de plus en plus recours à des contrats annuels pour s'approvisionner, avec des clauses léonines leur permettant d'avoir recours à des pratiques commerciales abusives : ruptures contractuelles ou encore refus de livraison fondés sur des motifs insuffisants. L'Union européenne a reconnu le problème des pratiques commerciales déloyales. Elle envisage de mieux réguler ces pratiques d'achat. « Une fenêtre d'opportunité est actuellement ouverte dans le processus législatif européen pour réguler les pratiques commerciales déloyales dans les chaînes d'approvisionnement alimentaires », explique Sergi Corbalán, directeur exécutif du Fair Trade Advocacy Office (FTAO). Plus de 60 000 citoyen-ne-s européen-ne-s ont signé une pétition pour demander à la Commissaire européenne en charge du Marché intérieur Elbieta Biekowska de réguler ces pratiques.
Car les solutions existent, comme le démontre par exemple les produits issus du commerce équitable, qui permettent une meilleure répartition de la valeur ajoutée et de pouvoir dans les filières, en faveur des producteurs et des travailleurs agricoles. « Le mouvement du commerce équitable rassemble des consommateurs engagés, des entreprises de toute taille, des organisations de producteurs et des associations citoyennes qui proposent une alternative concrète et réclament plus d'équité dans le commerce international », précise Emilie Sarrazin-Biteye.