Réalisateur touche-à-tout, Ron Howard (Apollo 13, Un Homme d’Exception, Rush) nous revient cette année avec Au Cœur de l’Océan, un film racontant le périple qui a inspiré l’histoire de Moby Dick. Hiver 1820. Le baleinier Essex quitte la Nouvelle-Angleterre et met le cap sur le Pacifique. Il est alors attaqué par une baleine gigantesque qui provoque le naufrage de l’embarcation. A son bord, le capitaine George Pollard (Benjamin Walker), inexpérimenté, et son second plus aguerri, Owen Chase (Chris Hemsworth), tentent de maîtriser la situation. Mais face aux éléments déchaînés et à la faim, les hommes se laissent gagner par la panique et le désespoir…
Agréablement surpris par les différentes bandes annonces qui ont fleuri sur le net ces derniers mois, Au Cœur de l’Océan constituait pour moi une de mes dernières grandes attentes ciné de cette fin d’année. Et même si le long-métrage pèche finalement sur plusieurs points, l’ensemble n’en demeure pas moins extrêmement plaisant.
Il faut dire que le récit est captivant et nous emporte sans difficulté dans une épopée riche en émotion, partagée entre de l’aventure pure et de la survie intimiste. Néanmoins, les deux parties ne se valent pas tout à fait puisque si le segment qui voit l’équipage de l’Essex affronter le fameux cachalot blanc démesuré est incroyablement spectaculaire et immersive, celui consacré à la survie des hommes est nettement moins maîtrisé, l’attachement aux personnages n’étant pas optimal. Pour autant, le film se laisse tout de même suivre sans déplaisir et peut notamment s’appuyer sur un rythme plutôt enlevé, à l’exception bien sûr de quelques coupes narratives un peu brutales. En parlant de la narration, le procédé utilisé ne réinvente évidemment rien mais s’avère toutefois parfaitement adapté à la nature du récit. Contrairement à ce que certains peuvent dire, je trouve pour ma part qu’il renforce considérablement la puissance dramatique du film.
D’un point de vue technique, je suis par contre plus réservé sur le style visuel conféré au long-métrage. En effet, si certains plans (les larges notamment) se révèlent particulièrement somptueux, d’autres (les rapprochés par exemple) s’avèrent en revanche franchement nauséabonds, la faute à un choix de photographie complètement discutable. Il en découle du coup un sentiment mitigé qui influence inévitablement l’appréciation finale. En outre, si le scénario dans sa globalité est plutôt bien construit, celui-ci ne développe toutefois pas assez les personnages et ne les rend pas aussi attachants, ou au moins intéressants, qu’ils auraient pu l’être. L’exemple le plus frappant étant peut-être le personnage de Matthew Joy, qui peine vraiment à s’imposer alors que Cillian Murphy l’incarne formidablement bien. Et le constat est malheureusement identique pour les thèmes exploités étant donné que le traitement proposé reste totalement en surface. Heureusement, malgré ce manque d’écriture évident, la quasi totalité du casting livre une performance suffisamment convaincante que pour nous emporter. En particulier le jeune Tom Holland qui confirme les bonnes dispositions affichées dans The Impossible.
Pour conclure, malgré un style visuel déroutant et un scénario dépourvu de toute profondeur, Au Cœur de l’Océan se révèle donc être un divertissement plaisant, ni mauvais ni vraiment exceptionnel. Bref, le genre de film qui propose un spectacle agréable pendant 2 heures mais qui ne marque pas durablement les esprits.