Prendre ses marques, prendre pied, prendre souffle. Gonfler mes poumons pour avoir de quoi réagir, pour continuer à offrir, à ma famille, à mes amis...
Pas à pas... se dire aussi que quelques éléments m'aideront, c'est sûr... Je ne désespère pas. D'ailleurs je ne suis pas en dépression, ni déprimée, ni même avec un quelconque blues. Juste en attente, entre parenthèses. Je crois en l'homme (capable du pire mais aussi du meilleur), je crois en sa faculté à réfléchir (mais si mais si). J'y crois. Pour ma part, je continue à me "culturer" (si possible avoir des bases pour savoir de quoi je parle), à me cultiver, à lire, à réfléchir, à entrer dans le dialogue, à soutenir les questionnements, a en créer d'autres.Ces derniers temps ce fut de nombreux herbiers éphémères...
Puis ce fut de petits détails, si petits, si précis, si ténus. Une tasse de thé japonais avec une forme de quartz rose par exemple.Même s'il n'apparait pas de prime abord, il sourit. Ce n'est pas un gnome, pas un lutin, pas un farfadet des bois mais un petit bonhomme ventru: un bouddha. Mon fils me l'a offert pour mes 40 ans. Elle est, à bien des égards, extrêmement importante."Pour accompagner tes thés, maman!"Oui et aussi parce que je le voulais depuis quelques années, comme on souhaite un ancrage pour l’œil, un pierre pour marquer le chemin. Je ne suis pas bouddhiste (même si certains éléments me plaisent), je ne suis pas hippie. Il se devait d'être là pour me rappeler ce que j'attends de moi: encore et toujours plus, devenir une femme que j'aimerais rencontrer, une mère que j'aimerais revoir adulte, une amie sur qui on peut compter même si elle semble avoir lâcher à certains moments, une grand-mère avec laquelle il y aura toujours plaisir à débattre.Lui s'arrêtait devant toutes les propositions. Non, non, pas celui-ci, ni celui-là. Non, non. Je lui ai dit mon attrait pour ce personnage mais pas n'importe lequel. Pas le bouddha historique ni zen, aux cheveux structurés, mince et impassible. Mais bien le chinois, pas un vrai bouddha mais plutôt un moine bouddhiste, un Budaï: dodu, ventru, chauve, aux lobes d'oreilles énormes et au sourire immense, franc, englobant. Je suis moins intéressée par la véracité historique et ascétique de l'homme religieux que par son infinie bonté dévoilée dans une forme plus généreuse.
Alors, avec son argent, il l'a choisi. Il l'a voulu en pierre "précieuse" moi qui ne suis que peu touchée par cette forme de richesse. Pour lui, c'était important, cela semblait le meilleur. Il voulait le plus beau... Il a bien choisi!
Alors il est de sortie avec mes thés, avec mes lectures, surtout celles que j'aime et que j'ai envie de reprendre aussitôt la lecture finie.
Certains soirs, le petit d'homme m'interpelle: - Tu ne l'a pas descendu de la bibliothèque aujourd'hui. Tu m'avais pourtant dit qu'il serait à tes côtés pour tes thés et tes méditations! Tu n'as pas passé une bonne journée? (Ou entre les lignes, est-ce que tu m'aimes?)
Alors le voilà à nouveau. Pour m'assoir, me construire, me ressourcer. Je me suis même fait un gâteau rien que pour moi, les hommes n'étant pas trop becs sucrés. Une pause constructive (les recherches, les pédagogies, les ateliers ne sont pas loin sur la table, les approches méditatives, mythologiques et philosophiques non plus)... et je repars.
Et puis une chouette, celle d'Athéna, de Paul Ricoeur, d'A. surtout...
Trouver encore des référents pour continuer... et pour rester l'oeil ouvert, même la nuit.