Journal d’une possible renaissance à l’écriture et à une certaine intensité de vie puisant dans un questionnement sur le sens de la littérature, L’écriture et la vie de Laurence Tardieu (éd. des Busclats) peut être considéré comme un livre de doute et d’espoir. L’auteure y témoigne d’une rupture majeure dans l’évolution de son œuvre romanesque déjà conséquente, un de ces épisodes de vide et de perte que tout écrivain peut connaître un jour et se trouver en situation de résoudre (ou de ne pas résoudre) en fonction de son individualité et de son expérience. Pour Laurence Tardieu, cette crise violente qui n’a évidemment rien à voir avec ce qu’on appelle vulgairement « la panne d’inspiration » est l’occasion d’une transition en vue d’une nouvelle traversée. « J’ai écrit ici, dans ce journal, que l’écriture était pour moi de l’ordre de la traversée » note-t-elle. « Qu’au terme de l’écriture d’un livre, j’ai le sentiment d’avoir abordé un nouveau rivage. »
Bien que presque toujours en désaccord avec la vision qu’a Laurence Tardieu du sens de la littérature (à l’exception de la notion de traversée), j’ai lu L’écriture et la vie avec un vif intérêt parce que ce livre m’a donné le sentiment de remettre mes pas dans mes empreintes, de marcher là où j’avais piétiné voici deux décennies. Dans mon évolution littéraire, je suis passé là où Laurence Tardieu pense avoir trouvé un chemin pour aller de l’avant, pour sortir d’une impasse, or c’est ce chemin qui m’a mené à une ornière dont j’ai mis beaucoup de temps à m’extraire. Et ce n’est pas la lecture des œuvres d’Annie Ernaux et de Charles Juliet (nommés dans le livre de Laurence Tardieu) qui m’a aidé dans cette épreuve car malgré leur valeur, ces œuvres débouchent à mon avis sur des impasses parce qu’elles s’interrogent, comme l’écrit Laurence Tardieu, sur la vérité, un mot qui est pour moi vide de sens.
Pour en revenir au sujet principal, le livre de Laurence Tardieu, je ne voudrais pas en recommander la lecture sans mentionner quelques points de détail qui m’ont déplu. Tout d’abord la répétition de cet affreux adjectif « jubilatoire » qui infeste les articles de Télérama et ce cliché récurrent, « la mise en danger » qu’on ne pardonne même plus aux présentateurs du journal de 20h.