Après avoir lancé deux Chromebook Pixel, l’équipe de Google s’attaque à l’aspect productivité d’Android avec la tablette hybride Pixel C.
Même si Android est utilisé par plus d’un milliard de personnes, il n’en reste pas moins que pour la productivité, les utilisateurs préfèrent encore Windows 10 ou OS X. La tablette hybride Pixel C tend à rapprocher Android du bureau de travail. Tout un pari pour Google!
Une présentation soignée
Dès que l’on voit le Pixel C, on comprend que Google souhaite être pris au sérieux. Ce produit hybride est magnifiquement construit et assemblé. Le châssis monobloc d’aluminium est parfaitement machiné, le design sobre est relevé par une bande mince lumineuse à l’arrière qui sert d’indicateur de charge et qui affiche les quatre vives couleurs de Google lorsque l’appareil est actif.
Les boutons de volume et d’alimentation offrent une bonne résistance et sont assez bien positionnés. Les larges grilles des haut-parleurs réduisent de beaucoup le risque de les couvrir et reproduisent le son correctement et avec une bonne amplitude.
La tablette pèse 517 grammes, c’est 80 de plus que l’iPad Air 2 et 130 de plus que la Galaxy Tab S2. Elle est aussi un peu plus épaisse que la concurrence à 7 mm. En main, c’est ressenti, mais elle reste agréable à tenir par son doux fini et ses contours arrondis.
Le clavier Bluetooth est tout aussi bien construit et n’étant pas trop mince, il est très agréable à utiliser. Le système d’attache est ingénieux, de forts aimants maintiennent la tablette et le clavier ensemble. J’ai été surpris par la force exigée pour détacher les deux éléments, on peut d’ailleurs faire tenir le Pixel C sur la porte de notre frigo. Lorsque la tablette est attachée au clavier, elle est fort stable et l’on peut l’incliner librement. Le clavier Bluetooth se paire et se charge automatiquement sur la tablette dès qu’il y est attaché.
Étant donné son prix élevé, il est préférable de ne pas oublier le Pixel C sur un casier.
L’écran de 2 560 × 1 800 pixels (d’une densité de 308 ppp) est magnifiquement calibré. Même si la technologie ACL n’a pas le punch des écrans AMOLED, la restitution des couleurs est magnifique. Les blancs sont neutres, les plus faibles contrastes et détails sont visibles. Les graphistes et amateurs de vidéos vont adorer!
Le format de l’écran est unique, il reprend le ratio du papier A (1.42:1). Ce compromis entre un aspect cinéma (16:9) et bureautique (4:3) est intéressant pour tous les usages. Il réduit les bandes noires dans les vidéos, les sites Internet sont à l’aise et la lecture de magazine ou de livre est naturelle vu le même aspect qu’à l’imprimé.
Utiliser Android avec un clavier (et une souris)
Android ne supporte pas le fenêtrage. Ne pas pouvoir mettre côte à côté deux applications réduit la productivité. On doit basculer d’une application à une autre au moyen du raccourci clavier Alt + Tab.
Selon les propres mots de Google, le Pixel C a été conçu pour une utilisation avec un clavier autant pour le divertissement que pour le travail. Cette expérience se résume assez rapidement : beaucoup d’applications n’utilisent pas (ou mal) le potentiel du clavier.
Voici quelques exemples. Dans un champ texte, lorsque l’on place le curseur de notre souris Bluetooth, le système d’exploitation place le curseur à la fin du mot. Dans Facebook Messenger, on s’attendrait que d’appuyer sur Retour envoie notre message, mais non, on change de ligne. Il faut tapoter l’écran pour envoyer nos missives. La suite bureautique de Microsoft est plus agréable à utiliser que celle de Google, c’est dire qu’il reste encore du travail à faire à Mountain View.
Android ne supporte malheureusement pas le fenêtrage. Ne pas pouvoir mettre côte à côté deux applications réduit la productivité. On doit basculer d’une application à une autre au moyen du raccourci clavier Alt + Tab. Parlant du clavier, il comprend un strict minimum de touches et aucune version bilingue n’est prévue pour le moment. Pour pallier ce problème, j’ai dû installer le clavier SwiftKey qui offre un excellent engin de prédiction et de correction, mais on ne devrait pas avoir à le faire. Si l’on souhaite vendre un produit partout, on doit le régionaliser!
Notons que même si le clavier est très agréable à utiliser, il arrive sporadiquement que le système pense qu’une touche reste collée : on efface trop de lettres ou une longue série de lettres se répète. Est-ce un problème de pilote?
Certains jeux pourraient tirer avantage du clavier (et de la souris), mais combien de compagnies investiront temps et argent pour le faire?
C’est avec le Pixel C que Google veut inciter les développeurs Android à optimiser l’expérience bureautique. Google aura beaucoup de travail d’éducation à faire avant qu’on parle légitimement de l’utilisation d’Android dans cette optique. Bref, je dois admettre que même après plusieurs années, Android donne l’impression d’avoir fait du surplace. Souvenons-nous que Asus a lancé sa première tablette Android avec clavier en septembre 2011 et nous en sommes encore à régler des problèmes de base.
En mode tablette, le Pixel C est dans son élément. Même si des développeurs importants négligent les grandes tablettes Android, il y a tout de même une foule d’applications et de jeux qui utilisent bien les 10,2 pouces d’écran. La situation n’est pas aussi dramatique que beaucoup le laissent entendre.
Enfin, le Pixel C inaugure Android 6.0.1. Dans cette nouvelle version, les boutons du système se déplacent d’une position centrale vers les côtés pour qu’ils soient plus accessibles, ça n’est pas une mauvaise idée.
Performance et autonomie
Google a choisi d’utiliser un système sur puce Tegra X1 64 bits de Nvidia accompagnée d’un processeur graphique Maxwell et de 3 Go de mémoire vive pour propulser sa nouvelle tablette.
Dans les tests synthétiques, le Pixel C est dans le peloton de tête. Difficile d’exiger mieux, car même avec une définition d’écran aussi élevée, les jeux sont fluides. Les accrocs ou lenteurs sont rares, on sent la puissance de la tablette. Les lourdes applications et les sites web riches se chargent rapidement. Le processeur a toutefois tendance à chauffer lorsqu’on joue; sans être gênant, c’est notable.
Selon Google, le Pixel C propose 10 heures d’autonomie, et c’est approximativement ce que j’ai en effet observé lors de mes tests.
Comme la plupart des récents produits lancés sur le marché, le Pixel C est équipé d’un port USB de type C pour la recharge. Il est dommage qu’un adaptateur de type A à C ne soit pas inclus. Détail amusant, on peut vérifier le niveau de la pile en tapant la bande lumineuse sur la coque arrière.
Caméra et connectivité
La caméra arrière de 8 mégapixels est plutôt utilitaire. Elle capte des images et vidéos (1080p) correctes sans plus et l’absence de flash est étrange. Probablement que Google souhaite décourager les gens de prendre des clichés avec leurs tablettes.
Photo prise par le Pixel C, sans flash (voir le fichier original).
Le capteur frontal de 2 mégapixels capte beaucoup de détails et reproduit une bonne luminosité même sous un piètre éclairage. Quatre microphones se situent au-dessus de la tablette et viennent compléter un bon attirail pour d’agréables conférences vidéo.
Le Wi-Fi intégré permet des débits allant jusqu’à 1 300 Mbit/s. Le Pixel C n’a pas de puce NFC, pas de lecteur Micro SD ni de lecteur d’empreinte digitale. On devra alors se résigner à utiliser un code ou un schéma pour sécuriser l’appareil.
Conclusion
À partir de 649$ sur le Play Store, le Pixel C vise haut. Si l’on veut profiter du clavier, il faudra ajouter 199$ supplémentaires. C’est cher demandé!
À ce prix, on se frotte à l’iPad Air 2 d’Apple (549$), à la Surface 3 de Microsoft (639$) et à tout un éventail d’ordinateurs portables qui offrent une expérience plus complète en terme de productivité. Le Pixel C, même s’il est un produit abouti, n’offre pas beaucoup plus qu’une autre tablette Android. Si Google veut que les utilisateurs travaillent sous Android, il faudra peaufiner le système d’exploitation.1 Mais, surtout, il faudra convaincre les développeurs d’adapter leurs applications.
- Les ingénieurs de Google ont répondu aux questions des internautes hier sur Reddit. Beaucoup de problèmes soulevés dans mon banc d’essai ont été abordés. Cependant, nous n’évaluons pas un produit sur son potentiel, on le prend tel qu’il est au moment où nous l’avons en main.