Et oui j’ai craqué et je me suis jeté sur la genèse du projet d’Adam Joffrain, ce fanzine qui se démarque par sa couverture épurée mais efficace, son contenu sans frivolité, mais de qualité, et cette formule originale qui consiste à publier un texte dans la langue de Molière et son équivalent Shakespearien… et surtout le coeur que l’on sent alimenter (et alimenté par) ces pages griffonnées par des auteurs illustres ou à tout le moins, à connaître !
A commencer par Adam qui signe l’éditorial avec humilité et mots choisis (ou chauds moisis tant on sent la mélancolie et le sombre nuage de l’isolement de l’écrivain qui…)
Bref, tour d’horizon du contenu de ces deux premiers numéros :
Wilum Hopfrog Pugmire, écrivain qui baigne dans le Lovecraft depuis belle lurette, sorte de Boy George de la littérarute d’épouvante (il se surnomme lui-même « the Queen of Eldritch Horror ») ouvre ces pages avec une prose lancinante teintée d’un gothique romantique trompeur (enfin, dans la VF, parce que mon niveau d’anglais ne me permet pas d’apprécier la VO à sa juste valeur). C’est beau. Adam, fébrile, nous livre « La Marque », nouvelle reprenant le thème du monstre dans le placard mais instillant la tension par des sensations – une tension psychologique presque palpable.
Le Tome 2 nous régale avec une nouvelle plus kingienne – si vous me permettez le néologisme – que lovecraftienne avec « Le croque-mitaine va t’attraper » de Ran Cartwright. Chrystel Duchamp continue avec « L’imposteur », une nouvelle qui m’a laissé perplexe, peut-être pour le dénouement qui arrive trop tôt (la nouvelle aurait-elle été tronquée pour le format de Nightgaunt ?) et du coup perd de sa saveur. Un goût de déjà-lu (m’a rappelée une nouvelle déjà lue, mais où ?)Adam remet le couvert avec un poème de son cru, « En attendant », qui s’inscrit bien dans le cercle du maître de Providence ; quand à Wilum, il clôt ce numéro avec la première partie d' »Un abîme de nuit inconnu » qui nous porte dans des contrées entre rêve et cauchemar, un flou propre à laisser l’imagination ouvrir les portes closes…
Bref, Nightgaunt est un ouvrage hautement recommandable !