Photo ©Arnaud Bouissou
Alors que les États mènent les négociations finales pour obtenir un accord climatique ambitieux à Paris, les acteurs non-étatiques ont conclu leur action à la COP21 le 9 décembre dernier. Mis à contribution au sein de l’agenda des solutions, versant de l’accord de Paris visant à associer les initiatives de tous les acteurs privés et publics en faveur du climat collectivités locales, entreprises, investisseurs, société civile ont présenté quelque 70 initiatives coopératives. Cet agenda des solutions, rebaptisé cadre du Plan d'action Lima-Paris (LPAA) regroupait pour la première fois au sein d’une conférence pour le climat les initiatives des acteurs non-étatiques sur des volets aussi variés que les secteurs de la forêt, de l’agriculture, de la résilience, des transports, des bâtiments, de la finance privée, des polluants de courte durée, de l’efficacité énergétique, des énergies renouvelables, ou de l’innovation.
Agenda hétéroclite - Après 8 jours de réunions et d’annonces, le bilan tiré par la ministre de l’Environnement française, Ségolène Royale, est positif. "D’un avis collectif, ce LPPA est en même temps une nouveauté et un véritable succès", rappelant la "mobilisation massive des acteurs". Et les chiffres ne lui donnent pas tort. Le Plan d'Actions Lima-Paris regroupe plus de 70 grandes initiatives en faveur du climat, menées par des 10 000 acteurs issus de 180 pays. La majorité de ces engagements a été regroupée au sein de la plateforme NAZCA. Sur le front des financements, la moisson a elle aussi été saluée par la ministre. "Plusieurs centaines de milliards de dollars sont réorientés vers l’économie bas carbone. Le basculement vers la croissance verte du monde économique et financier est vraiment le grand acquis de la COP21", a affirmé la ministre. Selon le premier bilan du plan d’action, plus d’un tiers des 2000 grandes entreprises mondiales ont mis sur la table des engagements en faveur du climat.Les intrus - L’agenda des bonnes volontés accuse cependant de nombreuses faiblesses. "Il ne faut pas que cela devienne une plateforme de greenwashing" prévient Célia Gautier du réseau action climat. Une crainte relayée par la ministre. "Il faut être vigilant sur le fait que les entreprises s'engagent en faveur de la croissance verte, sans faire de greenwashing. Mais beaucoup d'entre elles ont compris que le coût de l'inaction est plus élevé que le coût de l'action" a martelé Ségolène Royal. Reste que les gardes fous permettant d’écarter les initiatives contestables sont inexistants. Les initiatives concrètes, comme celle pour les énergies renouvelables en Afrique qui a recueilli 10 milliards de dollars d’ici 2020 afin de développer les énergies renouvelables sur le continent, côtoient donc les annonces plus fantaisistes. Ouvert aux initiatives du monde entier et de tous les secteurs, le plan d’action tire parfois vers le fourre-tout. "En l’état, il n’existe pas de critères qui permettent d’inclure, de suivre voire d’exclure les initiatives au sein du LPAA" regrette Celia Gautier du RAC. Ainsi l'initiative "4 pour 1.000" présentée par le ministre français de l'Agriculture Stéphane Le Foll et soutenu par une soixantaine de pays s’est attirée les foudres de la société civile. Visant à augmenter le taux de CO2 capté par les sols, l’initiative "ne contient pour l’instant aucun critère clair en termes de modèles agricoles à privilégier" regrette le Réseau Action Climat. Une absence de précision qui pourrait laisser la porte ouverte à la promotion d’un modèle agricole basé sur les semences OGM, craint la société civile. FG