A la découverte du père: au nom du père, du fils et du rock'n'roll

Par Eirenamg

Une fois de plus la fine plume d’Harold Cobert fait mouche, il nous transporte dans les années 1960 mais aussi au cœur de la relation père fils. L’histoire de Christian et Victor à la fois lors d’un été au Cap Ferret puis lors d’un voyage au Canada.  Des flashbacks dans la vie du père nous le font voir d’une autre manière, sa jeunesse, ses études puis la musique vont jouer un rôle essentiel dans sa vie.

Il y a aussi la présence en fil rouge de la voix du fils Victor plus âgé, qui découvre l’histoire et la vie de son père avant lui. Elle permet d’avoir un autre point de vue sur les personnages et de réfléchir sur le jugement que l’on peut porter sans le vouloir sur nos parents.

L’histoire du rock’n’roll, des soirées parisienne best donne une saveur particulière au récit. J’ai aimé cette plongée dans les années 1960 et cette remontée dans le temps. Cette importance de la musique dans l’histoire du père m’a beaucoup plu ( j’ai retrouvé ce que j’avais aimé dans un autre livre que je vous conseille également de l’auteur Jim). Il réussit à nous transmettre si on ne l’a pas déjà l’envie de réécouter ces bons vieux morceaux des stones, Doors . Cet amour de la musique rock bouleverse la vie au départ bien huilée et travailleuse de Christian, lors de ses études de maths. Sa rencontre avec Lorraine future avocate lui fait prendre une autre voie. J’ai particulièrement aimé ce personnage qui se révèle plus complexe que l’on ne croit.

C’est aussi l’autopsie d’un couple et les ravages des non dits, l’auteur analyse comment peu à peu le couple s’éloigne. Leurs différences en matière d’éducation et notamment la tolérance vis-à-vis des âneries de leur fils est un des signes anciens qui va prendre de l’importance dans la fin de leur histoire.

L’autre partie du récit est consacré au fils Victor, ses exploits d’enfance, d’adolescence chez les pères jésuites. Son esprit frondeur lui vaut d’ailleurs quelques ennuis. Son amour du surf, sa bande de copains inséparables, son côté têtu  et ses relations compliquées avec les filles font qu’on replonge en adolescence.  L’ingratitude de Victor vis-à-vis de ses parents, sa douleur à leur séparation  qui explique en partie  son attitude à leur égard, donne plus d’épaisseur au personnage même si parfois on a envie de le secouer pour qu’il grandisse.

Enfin en filigrane entre les différentes parties on trouve des lettres qui racontent le voyage père-fils au Canada qui donne une intensité dramatique au récit. Avec une fin très réussie.

L’auteur nous fait partager ses réflexions sur la difficulté de comprendre parfois les actes de ses  parents. Avec précision, légèreté, force l’auteur nous dresse le portrait de cette famille et de ses fantômes.

Un bel hommage à l’amour filial qui m’a une fois de plus épaté par sa maîtrise, cette petite musique implacable jusqu’à la dernière page. Un agréable moment de lecture, partez à la découverte du rendez vous de Victor et Christian vous ne le regretterez pas.

Et 2 citations pour terminer: 

Une mise en exergue au début du livre que j’aime beaucoup : Oscar Wilde "Les enfants commencent par aimer leurs parents. En grandissant, ils les jugent. Il arrive qu'ils leur pardonnent."

"Tout aurait pu s'arranger si ils en avaient reparlé au lieu de laisser la situation s'enkyster et se gangrener. Or, chacun avait rongé sa rancoeur et finit par faire comme si rien ne s'etait passé. La spirale des nons dits et des maux pris sur soi s'était enclenchée. » sur la situation entre Christian et Lorraine.

PS : vivement le prochain livre de l’auteur ( 2016 snif) car là je vais bientôt être à court de lecture il me reste que le reniement de Patrick Treboc comme roman.