ART3F
Salon d'art international
Parc des expositions - Montpellier
4, 5, 6 décembre 2015
Un salon international c'est tout d'abord un hall de gare. Gare de triage où se croisent, s'enchevêtrent, l'art arrivé et l'art naissant, les nouveaux maîtres, les anciens dieux !Art3f, un brouhaha, une mosaïque de toiles, d'œuvres et de rumeurs.
Un tour, deux tours... trois grands tours et les yeux envahis, les oreilles bourdonnantes, je me pose.
Schleber " performe ", avec la complicité de Joël Guyot. Son masque géant naît peu à peu, entre deux bières et un tour de rouleau. Une touche de bleu, un à plat de jaune !
Les galeries Joël Guyot et Vladimirs Rustinoff tiennent le centre. Deux énormes pavés pour une culture installée. On ose à peine approcher les sentences de Ben, les sculptures flamboyantes et acrobatiques de Duhamel, vachement bien chaussées de Kokopelli, plastiquement apprêtées d'Iglesis Henri. Les femmes de Gisclard étalent leurs grâces garçonnières. Au carrefour de leur empire un grand loup rutilant se dresse, à l'affût de chair fraîche.
Les affaires se font, les enchères aussi, " Et en payant en espèce tu pourrais me le faire à combien... ". Un parfum " quattrocento ", une touche siennoise, au détour d'un sentier : Angelo Maggi. Regard attendri à ces visages aux yeux clos, tous entiers retournés à des songes profonds.
Je reprends ma longue errance. " Pardon Madame, pardon Monsieur... attention à la poussette... ". Marabout nous offre la " ligne claire ", petit coucou à Hergé et à la Triumph Hérald de mes jeunes années. Bonjour à Art Down dont le strict Street Art à un air sage au milieu de ce déferlement. Ilôt de terre connue, j'y reste un instant, saluant au passage des œuvres de Crash, de Zest, de Nasty, de Speedy Graphito...
Du bon, du très bon, mais aussi du reste , beaucoup de reste... J'y replonge et me réfugie dans un havre de paix. Un petit stand, riche de figurines, m'accueille avec l'artiste Martine Lee. Depuis ses hauteurs niçoises, elle réalise sans tapage un ensemble charmant de statuettes achevées et inspirées. Cet " Espoir " c'est la descendante des " vierges grosses " issues d'un Moyen Âge adoucie, réconcilié. Son " Petit tibétain " nous offre plus que sa beauté, son regard tourné vers l'avenir. Merci, Martine, et pendant que tourne sa " Cheminée de fées ", je repars vers d'autres cieux.
À nouveau la couleur, la fureur des toiles éclatées, des formes torturées, des formats démesurés. Les toiles d' Anne Guillon, agathoise, m'arrêtent un instant, petit clin d'œil à Patrick Clerc, découvert à Narbonne, au " El Lindo ", présent chez @rtédition.
Dernier petit arrêt, un bol d'air avant la sortie, arrêt chez Astrid Laviéville. Douceur et plus de voix (c'est un risque dans ces grosses concentrations) pour me montrer ses statuettes, elle aussi, filles dalinesque d'un Rabelais fantasmé. Des cochons échassiers aux cornacs bien sages et un ensemble de petis formats, doucement apaisants. Cela fait du bien.
Art3f une manifestation réussie. Du public, du " beau linge " à profusion, des artistes, sans conteste, et même des bons et une sensation de trop plein, difficilement supportable.
Deux bribes de conversation en guise de conclusion " A Nice ( ?) c'était bien mieux. Ici c'est un bazar ... " " Ah, rien à voir avec Paris. Le niveau de ce salon c'est autre chose. Il y a les meilleurs ! "