On croit connaitre le cirque et on est malgré tout extrêmement surpris par ces cavaliers du Cirque Pagnozoo mené par Jacques Pagnot avec trois de ses enfants, Pascal dit Calou, Caroline et Alice, la voltigeuse.
Leur nom a inspiré celui de la troupe, car ils fonctionnent ainsi, à l'instar du théâtre équestre Zingaro ou du Cirque Plume, mais de manière disons plus familiale, plus accessible en quelque sorte. Ils font partie de ceux qui ont modifié radicalement la tradition circassienne en suivant le courant du "Nouveau Cirque" depuis tout de même plus de trente ans.
Leur spectacle est en tournée depuis décembre 2009, après deux ans de travail et de recherche, dans un chapiteau conçu spécialement pour l'accueillir. La piste circulaire reste le centre où convergent les regards, un rond de sciure de 12 m de diamètre, bordé de voiles qui claquent au vent, porté par quatre mâts qui deviennent ceux d'un bateau.
Les numéros ont la prouesse et le niveau de difficulté que l'on connait dans le monde du cirque mais ils sont nimbés d'un esprit poétique qui les place dans une sorte de contexte magique. Le public frissonne, s'émerveille et se laisse emmener dans ce voyage exaltant.
Emmène-moi souffle des émotions délicates sur un public qui se laisse transporter en douceur. Au tout début nous sommes dans la pénombre, derrière de grandes voiles éclairées par des lumignons. Une flute envoutante met le public en condition. Les sabots claquent au pas sur les planches. Une forte odeur animale et musquée flotte dans l'atmosphère.
La compagnie possède une quinzaine de chevaux. Neuf d'entre eux participent au spectacle, tour à tour lents et majestueux, fougueux et fulgurants.Arrivent le cheval noir, le pur-sang blanc et l'orchestre succède tranquillement au soliste. Hommes et animaux semblent danser. Les voiles sont hissées et les chevaux peuvent tourner dans la sciure épaisse comme un manteau de neige. Les voltigeurs sautent sur le dos de leurs montures lancées au grand galop, agitent leurs drapeaux. Les rubans se déploient et tournoient dans une ambiance carnavalesque.
Nous sommes à Venise, sur un canal, à bord d'un bateau juste avant un naufrage. Nous somme ici et ailleurs, prêts à rêver. Avec une jeune femme qui enfile des gants de boxe, prête à en découdre avec l'animal qui semble faire des claquettes avec ses sabots, avec cette autre qui monte à cru, caresse l'encolure de son étalon couleur de sable, l'invitant à s'étendre sur la piste le temps d'un câlin très doux, joue contre joue.L'énergie surgit entretemps avec des cavalcades debout sur les croupes, menées tambour battant au rythme imposé par les musiciens. Les acrobaties sont multiples et l'agilité ne doit pas occulter la prouesse (le public n'est pas dupe, ses applaudissements le prouvent).
Le dispositif scénique imaginé par Clair Arthur fonctionne parfaitement. Sans doute parce que c'est un artiste complet. Peintre, auteur de pièces de théâtre et de livres pour enfants, metteur en scène, scénographe et imagier à l'Imagerie d'Epinal, il multiplie les expériences et s'est impliqué tout entier dans cette aventure «Emmène-moi».Le duo entre la femme et l'oiseau vont bientôt nous étonner. L'univers s'installe dans le registre du conte, revisitant plus tard le mythe de Cendrillon en faisant le ménage d'une table en altitude. La poussière vole, quand ce ne sont pas des poignées de copeaux qui évoquent un tourbillon de neige.
Ou le déluge. On comprend que les cavaliers se munissent d'un parapluie ! C'est que l'humour est présent aussi par petites touches. L'ambiance est à la joie et on trinque de diverses manières, à pied, à cheval, la tête en bas. Tout est bon pour provoquer l'ivresse. Celle de la vitesse ...
On tremble mais on sourit aussi. Les Pagnozoo osent tout, jusqu'à un numéro de strip-tease à cheval. ces saltimbanques savent tout faire.
La musique à chaque fois s'accorde avec la scène qui se joue sous nos yeux. Les accords peuvent être classiques, fantaisistes, yiddish, évoquer l'Amérique du sud ou le New-York cher à Gershwin, quand ce n'est pas carrément rock. L'orchestre méritait amplement qu'on les salue comme les autres artistes.
Onze chevaux, six voltigeurs et trois musiciens : le rêve de cirque est accompli. Il nous invite à nous laisser sauver par l'imaginaire quand la réalité a besoin de couleurs et d'ivresse. C'est d'actualité et les derniers mots de Jacques Pagnot sont un baume supplémentaire : merci à ceux qui permettent à ce petit moment d'avoir lieu entre vous et nous. Traversez jours et nuits, éclairs et tonnerres en vous portant bien !
Emmène-moi, du Cirque Pagnozoo
Avec Calou (Pascal Pagnot), Jacques Pagnot, Caroline Pagnot, Alice Pagnot, Nolwen Gehlker, Nina Couillerot, et la participation exceptionnelle de Johan
Les musiciens Olivier Tuaillon, trompette, Marc Goujot, guitare et flute et Thibaut Chipot aux percussions.
Les chevaux : Kala, Oman, Néomio, Pompon, Charleston, Vicking, Andalusio, Papito et Thimoté
Scénographie et mise en scène de Clair Arthur
Costumes de Stéphane Thomas
Lumières de Jean-Luc Malaves
Jusqu'au 21 décembre 2015, à 15-16-18 ou 20 heures
A l'Espace Cirque d'Antony, rue Georges Suant, 92160 Antony
Tel : 01 41 87 20 84
Renseignements et réservations sur www.theatrefirmingemier-lapiscine.fr
Rencontre avec les artistes à l'issue de la représentation du 11 décembre
Carte Blanche à la compagnie à l'issue de la représentation le 19
DR pour les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue.