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Elise Luguern : le meilleur de la musique au cinéma passe à la marque

Publié le 09 décembre 2015 par Jeanne Walton

La Music Supervisor Française la plus en vue se lance dans la musique publicitaire.

A l’exception des professionnels du cinéma, peu de monde connait le nom d’Elise Luguern. Pourtant, en quelques années, elle s’est imposée comme l’une des meilleures productrices de bandes son pour le cinéma. Son champ de compétence est très large et son expertise fait des envieux. C’est pour cela que les plus grands réalisateurs, notamment en France, lui font confiance. C’est également pour cela qu’elle se tourne vers la marque et sa communication.

Votre réputation dans le cinéma n’est plus à faire. Elle va de la qualité de vos productions musicales à votre savoir-faire en matière de négociation et de contrat. Comment définissez-vous votre métier ?

EL : Je suis un « Music Supervisor » au sens le plus large du terme. Mon travail est de mettre mon expertise tant artistique que juridique au service des réalisateurs et des productions. Je suis la cheville ouvrière de tout ce qui touche le son et la musique. Je veille à ce que la qualité du travail soit au rendez-vous et que les contenus soient sécurisés dans les meilleures conditions juridiques et financières.

Votre position dans le cinéma est très forte. Pourquoi vous lancer dans la musique de marque ?

EL : L’idée n’est pas de moi. L’un des réalisateurs avec qui je travaille régulièrement fait aussi des publicités. Dans ce domaine, la question de la bande son se pose en des termes tout à fait identiques à ceux que je connais au cinéma. Opérationnellement, j’apporte les réponses qu’on attend. Artistiquement parlant, le réalisateur est en confiance avec moi. Il sait que la qualité sera au rendez-vous et que sa vision comme celle du client sera respectée. Quant aux contraintes budgétaires, qui sont l’autre grand volet de ces chantiers, tout le monde sait qu’avec moi, il n’y a pas de surprises. Finalement, c’est bien ça que je veux apporter : je sais faire et je connais le prix des choses.

Comment pensez-vous trouver votre place dans le marché ?

EL : Cela a été une vraie surprise pour moi quand j’ai commencé à m’intéresser à ce marché. Il y a, en matière de musique de pub, pas mal d’insatisfactions. Les clients, les agences, les réalisateurs ne s’en cachent pas. Pourtant il y a de très bons professionnels mais qui ne réussissent pas assez à se faire entendre, parce que leur expertise est très spécialisée et qu’ils ne peuvent donc pas sécuriser autant que nécessaire les productions. Je crois aussi que c’est une affaire de culture. Beaucoup de réalisateurs côté pub viennent du cinéma et ont des habitudes propres à ce secteur. Tout le monde ne comprend pas cette culture. Moi, je baigne dedans depuis des années.

Quels acteurs du marché vous inspirent ?

Je le répète, il y a beaucoup de très bons professionnels dans la musique publicitaire, mais si je devais en citer deux, je parlerais de BETC et de SIXIEME SON. Dans le domaine de la sélection de musique et de la synchronisation, BETC a tiré ce métier vers le haut. Ils ont un talent remarquable particulièrement pour les marques de luxe. Ils vont chercher pour elles des musiques rafraîchissantes et captent les tendances. J’observe leurs synchros avec un certain plaisir. Quant à SIXIEME SON, leurs créations parlent pour elles. Le succès planétaire de la signature SNCF ne m’a pas surpris. Les commentaires récents de Pink Floyd sur la rare qualité du travail de SIXIEME SON sont mérités. Il y en a tellement d’autres, le jingle d’Aéroports de Paris, je l’utilise souvent au cinéma, j’adore. C’est une signature musicale qui dit beaucoup – Paris, le luxe, le romantisme, le voyage – en même pas 3 secondes. Une réussite formidable. Et puis il y a la signature musicale de Renault, d’AXA, de Peugeot. Tous leurs travaux sont à la fois très bien réalisés et très originaux. Je crois que BETC et SIXIEME SON sont des exemples pour pas mal de professionnels du secteur.

Qu’allez-vous faire pour vous en démarquer ?

Je ne veux être ni l’un ni ‘autre. Je veux offrir une autre voie. Par exemple, quand je pars à la recherche de musiques existantes pour les synchroniser à l’image, mes ressources sont inépuisables et les budgets que j’alloue sont justes. Je n’ai pas envie de me spécialiser pour les marques de luxe, toutes m’intéressent pour autant qu’elles soient claires dans le message et l’émotion qu’elles veulent véhiculer. Je n’ai pas non plus envie de jouer le jeu de la surenchère des droits. C’est un calcul à court terme que je trouve dangereux pour tout le monde, y compris pour les maisons de disques. Je ne me limiterai pas non plus à la recherche de musique existante. J’ai un vrai savoir en matière de création. Je ne parle pas d’identité sonore qui nécessite une autre expertise, je parle de compositions originales à l’image. Les œuvres originales que j’ai eues à piloter se chiffrent par centaine.

Finalement, vous ferez de tout ?

Quand on prend en charge la bande son d’un film, il faut savoir tout faire, mais le faire au profit des images, dans le respect de la vision artistique du réalisateur et dans un cadre budgétaire bien défini. Il y a un standard, une éthique et une ambition au cinéma que je serais heureuse de porter dans le monde de la marque. Je ferais de tout mais sûrement pas n’importe quoi.

publié le 09/12/15

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