~~Figaro du 24/03/15
Le directeur adjoint de la rédaction du magazine Marianne, " si la caste politico-médiatique tape sur le FN, c'est qu'il n'est peut-être pas si pourri que ça!".
La clef pour comprendre l'attrait des classes populaires pour le parti de Marine Le Pen, est, selon Jack Dion, l'alignement du PS sur les thèses néo-libérales. L'auteur regrette la métamorphose de François Hollande après son élection: "L'ennemi déclaré de la finance", s'est mué en "ami des grands argentiers", "l'homme de gauche critique à l'égard du lobby bancaire" s'est transformé en "partisan acharné de la non-réforme bancaire". S'il achève de briser le lien de confiance entre les citoyens et les politiques, le virage à 180 degrés de François Hollande n'est guère surprenant. Comme l'explique Dion, il s'inscrit dans une lente évolution du PS depuis le tournant de la rigueur de François Mitterrand en 1983. "La première loi bancaire au monde ayant mis fin à la séparation entre banques d'affaires et banques de dépôt a été votée en France le 24 janvier 1984 par le président socialiste.", rappelle le journaliste. Suivront en 1986, la loi Bérégovoy sur la déréglementation financière généralisée. "Faute de construire l'Europe des peuples dont rêvait Fernand Braudel, on a bâti l'Europe contre les peuples, en instaurant le pouvoir conjoint des oligarques et des eurocrates" Dix ans plus tard cette fracture entre l' "élite" et le "peuple" perdure et bénéficie essentiellement au FN. Plus encore que l'UMP, le PS en subit les conséquences, sans doute parce que depuis la quasi disparition du Parti communiste, celui-ci était censé incarner l'espérance des plus modestes.