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Rue Cambon

Publié le 09 décembre 2015 par Colinebaptista26 @colineseraconte

Vendredi dernier, j’étais sur Paris pour deux rendez-vous. J’avais du temps entre chaque pour faire des repérages pour les cadeaux de Noël. Me voici donc du côté du quartier de l’Opéra et plus précisément, vers la rue de la Paix, non loin de la Rue Cambon. Un saut chez Chanel, pourquoi pas ? N’avais-je pas annoncé que je m’offrirai le 2.55 si jamais j’atteignais mon objectif de fin d’année ? Hors, je l’ai même dépassé et pourtant, quand je me suis engagée sur mes chiffres en janvier dernier, j’avais quand même un doute sur leur faisabilité. Pourtant, le résultat est là.

Me voici donc rue Cambon, devant l’entrée du magasin emblématique de la marque. Du monde qui entre, qui sort, des gardes de la sécurité charmants, j’hésite. Pourquoi rentrer si ce n’est pour acheter ? Devant ces boutiques, et malgré les années (euh … la maturité devrais-je dire), je me sens toujours un peu « hors jeu », comme si la petite provinciale que j’étais faisait irruption avec ses complexes d’infériorité débiles. Oui, je vous le dis, il n’y a que les Parisiens pour se croire supérieurs ou différents des autres. Depuis que je vis à l’étranger, je n’ai plus vraiment à supporter cette mentalité, même si chaque grande ville a son lot de citoyens persuadés d’être au-dessus du commun des mortels, c’est inhérent au fait d’habiter dans une grande ville ou la capitale d’un pays je pense. Mais le fait d’être étrangère me permet de rester en dehors de ces considérations locales. Je n’ai pas à prendre part ni à appartenir à aucune catégorie, celle des branchés ou des favorisés ou celle des « provinciaux » venus rejoindre la ville pour leurs études ou leur travail. Non, moi, je suis simplement là pour mon travail et pour un laps de temps donné.

Donc, je me retrouve devant l’entrée et bien sûr, je me trompe de côté. Je prends FORCÉMENT la mauvaise porte, celle qui conduit vers l’escalier majestueux de l’atelier mythique. Un garde m’indique poliment que c’est par L’AUTRE porte que je dois passer. Pffff … Fallait évidemment que je fasse une bourde. Je m’exécute donc.

J’entre enfin dans la caverne d’Ali Baba. Le rêve ! Je suis heureuse presque comme une gamine … malgré le monde. Je n’aime pas la foule, vous l’avais-je déjà mentionné ? Voilà, c’est dit. Je n’aime pas les lieux remplis de monde, ça m’angoisse légèrement.

Première hôtesse à m’accueillir, une jeune femme charmante dont le rôle est de vous indiquer où aller en fonction du type d’achat que vous souhaitez faire (maroquinerie, chaussures, vêtements, parfum etc.). Je file en direction de la partie maroquinerie. Un monde fou, je dois attendre mon tour, deux autres clientes sont avant moi. A l’intérieur, il y a pléthore de femmes avec leurs sacs Chanel. Comme si venir chez Chanel impliquait forcément de montrer que l’on fait DÉJÀ partie de celles qui en ont … des sacs Chanel. Comme pour bien indiquer qu’elles sont déjà habituées à tout ce luxe. Manque de bol, quand je viens à Paris, j’emmène mon Sac de Jour Saint Laurent, parfaitement adapté à ma vie de business woman.

Voici enfin mon tour. Je demande à voir le modèle 2.55, le classique avec le fermoir « mademoiselle » en noir et avec la chaîne argentée. Coup de chance, la « sales advisor » me sort plusieurs exemplaires. Et là, je peux ENFIN toucher du doigt LE sac dont je rêve depuis tant d’années. Il est tel que je l’imaginais, je l’essaye, mets ma petite vie dedans, le glisse à mon épaule, le pose, le reprends, le repose. Coup de fil de mon homme pour m’annoncer une bonne nouvelle. « Et ton sac ? » me demande-t-il ? Je lui dis que je suis justement chez Chanel et que la boutique a exactement LE modèle que je recherchais. « Et bien vas-y! Achète-le! » me dit-il à l’autre bout du fil. Il connaît son prix, nous en avons déjà parlé ensemble et nous avons le budget.

Je raccroche, reprends le sac en main, l’essaye à nouveau puis le repose et dis à la vendeuse que non, je n’arrive pas à me décider. Je repars doucement et me retrouve dans la rue. Je respire. J’ai une drôle de sensation. Comme si le fait d’avoir été en mesure de réaliser un rêve « matériel » m’avait privée d’une partie de mon oxygène pendant un temps. Je m’interroge : « avoir un sac en plus, même celui-là, pour quoi faire ? Pour ressembler à toutes ces femmes, chez Chanel, si persuadées d’avoir atteint quelque chose parce qu’elles sont précisément là, dans cette boutique, avec leur sac Chanel au bras et prêtes à s’en payer (ou faire offrir) un autre ? Avais-je vraiment envie de faire partie de leur club ? Etait-ce ce que je souhaitais donner comme image, celle d’une femme pleine aux as, futile et matérialiste  parce qu’elle a un sac Chanel (parce qu’avouez, c’est bien l’image que nous avons d’une fille qui porte un sac Chanel :-)) … bref, je divaguais. Quelle étonnante réaction … je me surprends moi-même.

Je me suis alors remise à marcher en direction du métro. A l’intérieur, brusque retour à la réalité, avec ses SDF, ses gens « ordinaires »dont je fais partie, sa vie, pour de vrai, loin de mon monde d’avant et de ses sacs Chanel.

Depuis, je ne sais plus quoi penser. Je n’ai pas abandonné l’idée de me faire ce cadeau mais je n’ai toujours pas rappelé la boutique pour me le faire mettre de côté. Je retourne sur Paris sous peu et il me serait assez facile de refaire un saut Rue Cambon.

Voilà, pour illustrer ce billet, je vous présente le look que je portais ce jour-là. Pour le métro et les déplacements, j’avais troqué mes escarpins pour des derbies vernies. Mais pour les rendez-vous, je trouvais la tenue bien plus féminine avec des talons hauts.

Bonne journée !

Isabel Marant Frye Skirt 1
Isabel Marant Frye Skirt 3
Isabel Marant Frye Skirt 2

Knit, skirt and shoes by Isabel Marant – Bag « Sac de Jour » by Saint Laurent


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