Naître et mourir sur Facebook

Publié le 08 décembre 2015 par Mamanbooh @mamanbooh
Depuis que je suis sur Facebook,j’ai vu nombre d’histoires d’amour se faire et se défaire, j’ai suivi plusieurs grossesses, des tests positifs aux premiers pas, j’ai appris aussi les maladies des uns, les départs trop rapides des autres, les grosses peines comme les grandes joies, les premières maisons, etc.

Une photo prise lors de ma dernière visite à mon père - crédit photo Julie Philippon


Accouchements, décès, avis de rechercher, appels à tous, etc.

Il y a deux ans, alors que le père d’une amie était en train de vivre ses dernières heures, j’avais partagé un avis de recherche pour retrouver sa soeur absente depuis plusieurs années. Mon statut avait été rapidement partagé plus de 200 fois, j’avais été surprise par cette solidarité d’inconnus envers d’autres inconnus.
Malheureusement, nous n’avions pas réussi à réunir ces deux personnes à temps, mais je gardais de cette expérience un sentiment d’espoir, un bel exemple de bonté humaine. Et depuis, je remarque régulièrement cette même forme de solidarité pourla disparition de la belle-mère d’un ami, l’adolescent d’une autre ou encore les animaux de compagnie de certains.
Dernièrement, j’ai même eu la chance de suivre l’accouchement d’une amie, ayant l’impression de rentrer dans cette intimité feutrée, me sentant privilégiée d’apprendre plein de petits détails comme si j’y étais.
Ce n’était pas du voyeurisme, j’étais vraiment de tout coeur avec elle, même si plusieurs kilomètres nous séparaient, je me sentais proche et solidaire. Sans internet et les réseaux sociaux, je n’aurais jamais pu vivre ces beaux moments pleins d’émotions et supporter ainsi mon amie pendant son travail et surtout depuis sonretour à la maison.

Seule proche aidante, mais si bien entourée dans les épreuves


Quand nous avons appris que mon père avait une maudite maladie dégénérative grave (SLA) il y a 4 ans, je commencé à en parlé sur mes blogues et mes différents médias sociaux : de semaine en semaine, la maladie était de plus en plus présente, ses muscles mouraient un à la fois.
Seule proche aidante, j’ai souvent trouvé cette tâche trop lourde, je me suis indignée ouvertement sur le manque de support et de reconnaissance des différents paliers du gouvernement, etc. J’ai documenté avec des photos et des témoignages les derniers mois de la vie de mon père. J’ai partagé cette épreuve avec ceux qui me suivaient au jour le jour.
Lorsque j’ai reçu un appel du CHSLD m’annonçant la mort de mon père, je suis restée silencieuse quelques heures le temps de réaliser vraiment ce qui se passait et ne souhaitant pas que mon frère qui demeure à plus de 12 heures de route l’apprenne ainsi.
Mais, quand, une vingtaine d’heures plus tard, j’ai partagé la triste nouvelle sur ma page personnelle Facebook et je ne pensais jamais recevoir autant de marques de sympathie, de messages personnels et d’encouragement.

Facebook ne remplacera pas les vrais contacts humains, mais…


On dénonce souvent les comportements des gens sur les réseaux sociaux, le fait qu’ils y passent trop de temps, qu’ils partagent trop de détails de leurs vies intimes, que les rapports y sont superficiels, que certains disent vraiment n’importe quoi, etc.
Et bien moi, je vous le dis, sans tout ce support, je ne sais pas comment j’aurais fait pour passer au travers toutes ces étapes difficiles des dernières années. Je suis la plupart du temps seule dans ma maison isolée sur un rand de campagne, mais en même temps si entourée.
Ces échanges virtuels ne remplaceront jamais de ”vraies rencontres”, de grosses accolades ou d’authentiques poignées de main, mais ils ont de plus en plus de place dans nos vies et ils font tomber, peu à peu, les frontières tant géographiques, sociales et qu’économiques. Ils sont parfois le seul contact accessible à tous, juste ça, c’est très précieux, non?
Naître et mourir ne sera plus jamais pareil à l’ère des médias sociaux, tant pour les grands et puissants de ce monde que les gens ordinaires comme vous et moi. Nous ne serons plus jamais seuls.

Quelle place occupent les réseaux sociaux dans votre vie ? Pourquoi ? Avez-vous déjà senti cette solidarité virtuelle ? Je vous le souhaite.


*abonnée par ma belle-mère, en 2009, avant, j’avais bien trop peur de Big Brother !