La rentrée littéraire a ses petits. Les chouchous. Ceux qui sont toujours en lice.
Parce qu’ils ont un nom, une maison d’édition et beaucoup d’amis.
Et puis, il y a tous les autres. Ceux qui écrivent. Avec talent et imagination. Ceux qui nous ouvrent les yeux sur ici ou ailleurs mais toujours avec une grande justesse, avec poésie et grâce à des mots qui émeuvent.
Trop souvent, ces auteurs et ces textes passent inaperçus, fondus dans la masse de livres qui ont la presse nécessaire à choper des consommateurs plutôt que des lecteurs. Heureusement, certains parlent de ces pépites qu’il faudrait lire avant tant d’autres livres.
Gérard Collard, libraire rebelle, a fait cette année une liste des livres que nous avons loupé. La mémoire des embruns en fait partie. Pour notre plus grand plaisir.
C’est une histoire touchante. Réaliste et chaleureuse. On y rencontre- car OUI c’est un livre de rencontres- Mary, une dame âgée à qui est déposée une enveloppe.
Méfiante, effrayée, elle sait pourtant ce qu’elle contient mais fera tout pour dissimuler son existence à ses enfants qui souhaitent mettre leur mère en maison de retraite. Elle, en a décidé autrement. C’est sur l’île de Bruny qu’elle finira ses jours, petit coin de Tasmanie où la mer est reine.
Pour se remémorer sa vie d’avant, ses souvenirs et son histoire. De son mari, du phare dans laquelle elle a vécu avec lui.
Une histoire de femme du 20ème siècle ballottée entre sa vie de femme qui aurait voulu être accomplie mais que le destin a voulu autre. Jusqu’au jour où la mort vient la cueillir…
Karen Viggers a un talent romanesque incroyable. Elle met sur pied un décor, tisse la trame, dessine à coups de crayon abruptes comme peut l’être la vie ses personnages et nous trimbale d’une émotion à une autre avec finesse mais sans grande fioritures non plus.
On est face à cette femme qu’on imagine frêle et haute comme trois pommes mais qui pourtant nous intimide par sa force d’esprit. Puis, on fait la rencontre d’un homme, d’une chienne qui deviennent omniprésents et nous donne du grain à moudre et du fil à retordre. Et pourtant on en redemande et on aimerait que ça ne s’arrête pas.
Un véritable coup de cœur qui m’a embarquée loin de Paris, le temps d’un roman, qui m’a fait apprécier la mer, ses embruns, la dualité des hommes et des femmes auxquels je me suis attachée.
Un grand roman à lire et à offrir qui mériterait un prix, lui.
Une vidéo qui donne envie aussi.
Pour en savoir davantage sur l’auteure, c’est sur son site que cela se passe !
La mémoire des embruns, Karen Viggers, Editions Les Escales, 2015