En cette période de disette budgétaire, les pouvoirs publics sont à la recherche de la moindre économie, de la moindre recette fiscale. Au cœur du débat politique français il y a encore peu de temps, la légalisation du cannabis, si l’on en croit les études et certains faits, peut être une solution. Constitué d’un nombre conséquent de consommateurs, le marché de cette drogue est un business florissant. Nos amis du Trésor Public devraient y jeter un œil…
Entendons nous bien sur le terme de « légalisation »
En premier lieu, il convient en effet de rappeler que la dépénalisation ne signifie pas légalisation contrairement à ce qui peut-être dit.
Une dépénalisation est une situation dans laquelle le consommateur du produit en question ne sera pas poursuivi, voire puni, pénalement. Certaines amendes peuvent cependant toujours s’appliquer. Par exemple, une consommation excessive au volant qui provoque un accident.
En revanche, une légalisation totale supprime tout le cadre légal du marché et du produit lui-même. En d’autres termes, la consommation et la vente du cannabis ne feraient l’objet d’aucun acte juridique.
L’exemple du Colorado où l’Etat ne sait plus quoi faire de ses recettes…
2013, l’Etat du Colorado aux Etats-Unis se lance et légalise totalement l’usage du cannabis. Aujourd’hui, n’importe quel membre de l’administration de cet Etat vous dirait qu’il est déçu. En réalité, il est bien loin de l’être.
Le Colorado introduit immédiatement une taxe sur la Marijuana. Les fruits de cette décision se remarquent sans plus attendre. En 2015, cet impôt rapporte plus de 40 millions d’euros ! Ironie du sort, la constitution américaine plafonnant les recettes fiscales selon une loi de 1992, cela oblige l’Etat du Colorado a redistribué une partie de cet argent aux contribuables !
La légalisation a aussi permis de créer des emplois déclarés. Qu’ils soient producteurs ou vendeurs, ils sont plus de 15 000 à travailler dans ce secteur d’activité.
Au diable la morale Monsieur les ministres et députés, rebâtissons notre économie
Alors oui, l’argument commun est connu. C’est « immoral », même dangereux. Il est certain qu’une consommation excessive de cannabis peut porter atteinte à la santé physique.
Cependant, le nombre de consommateurs réguliers de cannabis dans notre pays s’élève à 1,2 millions, tandis que celui des consommateurs quotidiens est de l’ordre de 550 000. Une légalisation pourrait donc rapporter gros. Des recettes qui risquent d’augmenter à la vue des prévisions futures du marché actuellement évalué à 1 milliard d’euros en France.
Les pouvoirs publics y gagnent sur deux plans : d’un côté ils récupèrent plus d’argent ; de l’autre ils en économisent une somme importante! Les dépenses allouées aux soins ou aux préventions (effectifs de police, campagnes de sensibilisation dans les écoles, collèges et universités) par exemple sont comptabilisées comme des coûts (1,7 milliard) pour les finances publiques.
L’avantage n’en demeure enfin pas moins sociétal. En effet, au-delà de l’argument économique se trouve la question sociale. Une telle décision peut automatiquement faire baisser le taux de criminalité concernant le secteur de la drogue douce. Elle s’attache à refonder une partie des rapports sociaux.
Il faut toutefois admettre que l’opinion publique n’apparait pas prête à assimiler un tel changement politique, social et économique. Près de 60% des français sont contre la légalisation du cannabis.
A bien des égards, la mentalité française semble bien différente de celle de certaines Etats Américains. Pendant qu’une majorité de français rechigne vis à vis d’une possible légalisation, certains habitants de l’Etat de l’Alaska ont rédigé, presque entièrement, une pétition. Cette dernière devrait rapidement permettre de mettre en œuvre un référendum quant à la légalisation du cannabis.
A l’heure actuelle, 58% des Américains sont favorables à la légalisation de la Marijuana et 14 Etats ont fait en sorte que la possession de cette drogue en petite quantité reste sans punition.
Concernant la drogue dure, une potentielle légalisation mérite une certaine attention. Des nos jours, ce n’est non pas parce que c’est interdit que les gens se droguent. C’est parce qu’ils estiment que la consommation de drogue dure leur permet de répondre à leurs aspirations, à leurs difficultés…Compte tenu de ces faits, légaliser poserait des problèmes peut s’avérer problématique pour l’usage de la drogue.