Alors que Página/12 ne paraît pas
aujourd'hui (ce journal bigrement anticlérical et parfois
franchement antireligieux chôme en effet la fête de l'Immaculée
Conception !), l'un de ses concurrents, La Nación croit savoir
que le quotidien va prochainement changer de mains. Il rejoindrait
d'ici peu les médias d'un syndicat ouvrier (1) qui possède déjà
entre autres le centre culturel Caras y Caretas, une maison
d'édition, Octubre, un club sportif, celui de Barracas (2), et la
station de radio 100% tango, FM Malena 89.1. Bref un vaste groupe
plutôt en pointe dans la culture populaire.
S'agirait-il d'une stratégie
préventive d'un titre de presse qui s'apprête à retourner dans
l'opposition ? Depuis douze années, Página/12 était en très
bons termes avec le gouvernement national et bon nombre de
gouvernements provinciaux et la rédaction n'a pas ménagé ses
flèches contre les groupes de presse dits monopolistiques, dont
celui de Clarín. Peut-être le journal pense-t-il devoir renforcer
ses arrières avant la prestation de serment de Mauricio Macri, qui
se tiendra après-demain, au Sénat, à midi.
D'après La Nación, il se pourrait que
ce changement au niveau du capital de l'entreprise provoque un départ
du directeur de la rédaction, qui tient cette fonction depuis
vingt-et-un ans, et un changement de position pour Horacio Verbitsky,
l'un des journalistes emblématiques (et très contestés) de la
rédaction, lui qui s'est fait connaître du monde entier après
l'élection du Pape François pour avoir conduit contre le cardinal
Bergoglio un réquisitoire calomnieux et dans lequel transpire sa
haine de tout phénomène religieux et une ignorance criarde du
fonctionnement de l'Eglise et de son histoire. Depuis notre été
2013, Horacio Verbitsky est moins présent dans les colonnes du
journal mais il est resté à la tête du CELS, une des instances
officielles de surveillance des Droits de l'Homme en Argentine.
Pour aller plus loin :
lire l'article de ce matin dans La Nación.
(1) Le syndicat des gardiens
d'immeubles.
(2) Son équipe de foot joue en
troisième division. Chaque quartier de Buenos Aires a son club
sportif qui ne se résume pas à une équipe de football mais offre
une large panoplie de sports et de services sociaux et culturels à
ses sociétaires : dispensaire, cours du soir, loisirs pour les
retraités, conseils juridiques, etc.