Photo Télam (en 2011)
Cette nomination semble corroborer ce qu'avait promis Daniel Scioli quelques jours après sa défaite à l'élection présidentielle : il avait annoncé une coopération loyale et responsable avec les autorités démocratiquement élues. Or Jorge Telerman est une véritable figure du kirchnerisme tendance Néstor (1) et un excellent spécialiste de la politique culturelle. C'est aussi l'ancien directeur de campagne de Daniel Scioli, l'un de ses adjoints à la Province de Buenos Aires en matière de culture et, plus surprenant encore, c'est le prédécesseur de Mauricio Macri au poste de Chef du Gouvernement portègne, avant 2007. L'élection de Mauricio Macri avait alors été présentée comme la victoire contre la corruption qu'il était censé représenter. Mais il n'a jamais eu affaire à la justice depuis la fin de son mandat à la tête de Buenos Aires, où il avait déjà mené une politique culturelle d'un grand dynamisme qui a laissé d'excellents souvenirs à beaucoup de gens.
C'est donc un bon signe que de voir Horacio Larreta, le tout prochain Chef du Gouvernement portègne, se féliciter sur Twitter en parlant de l'arrivée de Jorge Telerman à ce poste comme d'un honneur pour son gouvernement. Sa nomination atteste peut-être de la mise en place de ce fameux pluralisme auquel les Argentins aspirent sincèrement (pour la grande majorité) mais qui, dans le secteur public, était jusqu'à présent bien davantage un vœu pieux qu'une réalité vécue et c'est d'autant plus étonnant que la gestion de Macri à la tête de Buenos Aires a souvent ressemblé à une vraie chasse aux sorcières (2). Pour en avoir la certitude, il nous faut attendre et voir, comme on dit sur les bords de la Tamise. La passation de pouvoir à Buenos Aires se tiendra demain, le 9 décembre 2015, la veille de la prestation de serment de Mauricio Macri comme Président de la Nation le 10 décembre à 12h (heure de Buenos Aires, soit 16h en Europe) (3).
Pour aller plus loin : lire l'article de La Prensa lire l'article de La Nación lire l'article de Clarín Jorge Telerman dispose d'une page Facebook.
(1) Il a accompagné la politique de Néstor Kirchner, entre 2003 et 2007, lorsque l'Argentine se relevait difficilement de la faillite de Noël 2001. (2) On ne compte plus les personnalités, compétentes ou non, cela ne semblait pas être le problème, qu'il a révoquées simplement parce qu'elles votaient Kirchner. Cette cascade de nominations puisées chez les adversaires politiques de la veille est donc pour le moins inattendue. Si l'action en confirme l'augure, on peut s'en réjouir. Ces choix ne sont toutefois pas exempts d'incohérences ou d'ambivalences, comme la nomination d'un économiste, le socialiste Martín Lousteau, au poste d'Ambassadeur aux Etats-Unis au moment où les secteurs macristes parlent de professionnaliser la fonction publique. Si une fonction d'Etat est un métier très technique, c'est bien la diplomatie où l'Argentine a notoirement à faire des progrès. Le personnel diplomatique argentin a très mauvaise presse et les Argentins eux-mêmes sont extrêmement critiques que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur des frontières. D'aucuns interprètent la nomination de Lousteau comme l'éloignement d'un gêneur, voire d'un adversaire politique (Il était candidat au Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires contre Horacio Larreta, et il a d'ores et déjà annoncé qu'il envisageait de présenter de nouveau sa candidature aux prochaines élections. Il a aussi été l'un des ministres de l'Economie de Cristina Kirchner pendant son premier mandat, quand elle ouvrait encore son équipe aux différents courants de la gauche argentine). Bizarre de lui confier un poste aussi délicat et aussi important que la représentation diplomatique à Washington ! (3) Cette cérémonie devrait être visible en direct sur le site de la Casa Rosada (ou son canal Youtube) ainsi que sur le site Internet de TV Pública et sur différents canaux et streamings de Radio Nacional, dont RAE, la station internationale du groupe public.