Pour sa nouvelle marque « Tous Antigaspi », Carrefour lance des céréales pour petit déjeuner présentant de légers défauts d’aspect.
Il y avait déjà la marque « Quoi ma gueule » chez Monoprix, voici encore un nouveau nom reprenant le logo de la petite pomme cabossée : Carrefour lance en janvier 2016 sa marque « Tous Antigaspi » en association avec le collectif « Les Gueules Cassées ». Créé en 2014, ce dernier connaît décidément un joli succès. Entre 20 000 et 30 000 tonnes de produits devraient ainsi être écoulées cette année en France et la dernière initiative en date, un camembert au lait cru « déclassé », s’est vendu à 85 000 pièces. « Deux fois plus que prévu », se félicite Nicolas Chabanne, du collectif Gueules cassées.
Mais si Casino, Franprix et Leclerc ont conservé le logo et le nom, Carrefour a souhaité personnaliser sa démarche. Au risque de confusion pour le consommateur ? « Peu importe le nom, balaie Nicolas Chabanne, le seul repère valable est notre logo de pomme cabossée. D’ailleurs, 90% des gens associent les étiquettes « Quoi ma gueule » aux Gueules cassées ». Le concept a d’ores et déjà été étendu à l’étranger sous les appellations « Ugly Mugs » aux Etats-Unis, « Die Hässlichen » en Allemagne ou « Brutti Musi » en Italie, toutes les étiquettes reprenant la fameuse pomme. Au total, 21 pays ont déjà fait des demandes auprès des Gueules cassées. « Pour nous, l’important est tous ceux qui utilisent notre logo s’astreignent à respecter nos valeurs essentielles », poursuit Nicolas Chabanne. A savoir des produits avec de légers défauts d’aspects ou déclassés, mais avec une qualité équivalente au produit d’origine et vendus 30% moins cher. Un centime sur la vente de chaque étiquette doit également être reversé à un fond de solidarité. « Après, libre à chacun de personnaliser leur démarche », concède-t-il. Carrefour a par exemple voulu ajouter une dimension locale à son logo « Tous Antigaspi ».
Le phénomène antigaspi remporte un tel écho qu’il est difficile pour les distributeurs de passer à côté. Ils ont donc du faire un choix entre lancer leur propre filière ou s’associer à une déjà existante. La plupart ont donc opté pour les Gueules cassées, avec l’avantage de bénéficier déjà d’une image reconnue et valorisante. L’investissement promotionnel par rapport à une nouvelle marque est allégé, mais disposer d’un nom particulier, comme Carrefour, permet de développer des actions de communication à sa propre initiative. Auchan, après avoir un temps adopté le logo « Quoi ma gueule » comme Monoprix, s’est retiré et réfléchirait à lancer lui aussi une nouvelle déclinaison d’étiquette « Gueules cassées ».
Seul Intermarché fait cavalier seul, avec ses produits « moches ». Le distributeur a pourtant été le pionnier en avril 2014 avec ses fruits et légumes biscornus et la gamme ne cesse de s’élargir : après les biscuits moches, il compte lancer en 2016, des « conserves moches » – boîtes de légumes ou plats cuisinés. « La différence, c’est que ce sont des actions ponctuelles, tacle Nicolas Chabanne. Essayez de trouver des biscuits moches dans les magasins et vous verrez ». Il est vrai que de nombreux consommateurs sur Facebook se plaignent de ne pas trouver les fameux fruits et légumes difformes dans les rayons. « Intermarché fait plus de coups de com qu’une véritable action engagée », juge sévèrement Nicolas Chabanne. Qui ne désespère pas rallier le trublion dans les prochains mois.