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Les savoureux plats du cinéma chilien

Par Filou49 @blog_bazart
08 décembre 2015

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Selon pas mal de cinéphiles  avisés,  c'est au Chili que le cinéma latino-américain bouillonne le plus depuis une (deux?) bonne paire d'années.  

Et alors qu’on a beaucoup parlé c au début des années 2000 de la nouvelle vague argentine, c’est  le  Chili qui fait sans doute  preuve de la plus belle vitalité, avec notamment  récemment les films de Sébastian Lellio ( Gloria), Sebastian Silva ( les vieux chats)  qui ont marqué le cinéma mondial.

Et on oubliera pas de citer évidemment le chef de file de ce cinéma chilien en vogue, Pablo Larrain,  qui a marqué les esprits en 2013 avec son No très réussie parabole historique qui nous montrait  à quel point la publicité peut être utilisée à des fins politiques, comme enjeu de démocratie.

 Un Pablo Larrain qui a d’ailleurs récidivé pour un des deux films chiliens que j’ai pu voir récemment en salles, deux plats savoureux dont le premier est particulièrement épicé.

Et deux films chiliens qui ont été récompensés dans les plus grands festivals mondiaux et qu’on peut voir actuellement au cinéma, même si pour  le second il faudra patienter jusqu'à demain pour le voir

 1. El Club : la dérangeante et très brillante charge anticléricale de Pablo Larrain:

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Si No, plus léger et plus ludique que ses deux premiers films étaient un peu une parenthèse dans l’œuvre de Pablo Larrain, son dernier film en date El Club continue de tracer le sillon du cinéaste chilien, qui n’aime rien de plus que de  s’attaquer ainsi aux dogmes, aux valeurs, à toutes les certitudes, avec un immense  brio et une intrigue de départ souvent très originale.

C’est particulièrement le cas avec ce El Club, lauréat de l'Ours d’Argent à la Berlinale en février dernier où l’on voit quatre prêtres reclus dans une maison de villégiature face à la mer, dans le sud du Chili, placés sous la direction d'une  bonne sœur, et don t l’arrivée d’un cinquième homme, va révèle les péchés enfouis par les autres. Bref, un film qui s’attaque à des scandales de pédophilie a largement éclaboussé le Chili- mais c’est malheureusement loin d’être le seul pays- ces dernières années, et des procès sont encore en cours.

Si El Club est particulièrement audacieux par son propos,  il possède un  ton assez unique qui n’est jamais vraiment celui qu’on attend.

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Alors qu’on pouvait s’attendre à une fable très violente contre la religion, Larrain nous montre qu’il n’est pas Mocky ( ouf) et Larraín  a le bon gout de ne jamais tomber jamais dans les facilités de l’humour trop noir ou du  cynisme, dans l'humour noir facile ni même dans le  règlement de compte revanchard, et sur un sujet où il serait facile de caricaturer, et de dresser des portraits vraiment lourds,   ne perd jamais de vue la dignité de  l’ensemble ses personnages, aussi ambigus soit ils et ne verse jamais dans un coté démonstratif et manichéen qu'on aurait pu craindre .

On peut certes- un peu comme pour No- trouver que la mise en scène de Larrain,  qui opte pour des bleus  délavés, nimbés d’un perpétuel voile,  et des gros plans parfois déformés  n’est pas toujours très esthétique, mais elle a le don de rendre  l’atmosphère  particulièrement pesante, et de rendre le malaise plus prégnant encore, une impression renforcée par les musiques sacrées du compositeur  Arvo Part…

Bref une œuvre crue, dérangeante et cruelle, pas toujours plaisante à suivre mais  nuancée et qui ne laisse jamais indifférente et qui prouve une nouvelle fois tout le talent immense de Larrain de nous raconter des histoires inédites avec un parti pris ambitieux et étonnant…

A voir avant qu’il ne sorte des salles, car si No avait séduit le public français -300 000 entrées- celui-ci, sur un sujet certes plus tabou-a du mal à renouveler l’exploit!

Bande-annonce "El Club"

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 2. Allende mon grand père: un portrait intime d'un grand homme d'état chilien

 

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Plus intime et moins polémique, mais toujours important sur ce qu'il dit de la société chilienne, le documentaire Allende mon grand père, qui sort en salles ce mercredi, le 9 décembre,  et que j'ai pu voir en avant première grâce au distributeur Bodega Films, est comme son nom l’indique réalisé par la petite fille de Salvador Allende, premier président socialiste démocratiquement élu en Amérique Latine au début des années 70 et qui va être victime d’un coup d’état militaire en 1973.

 Le 11 septembre 1973, La Moneda (siège de la présidence chilienne) est assaillie par l’armée. Retranché à l’intérieur, Salvador Allende est sommé de quitter le pays avec toute sa famille. Il fait alors évacuer ses proches mais refuse personnellement de céder et décide de se donner la mort. Sa femme, deux de ses filles et leurs enfants seront accueillis par le gouvernement mexicain.

Sa seconde fille, Beatriz, qui était aussi son assistante, préfère elle rejoindre Cuba, où elle mettra, elle aussi, fin à ses jours quatre ans plus tard. 

 35 ans après le coup d'État qui a renversé son grand-père, Marcia Tambutti Allende  estime qu'il est temps de retrouver les souvenirs familiaux, les images de leur vie quotidienne qui leur a été arrachée.

 Après plusieurs décennies de non-dit, la cinéaste, qui n’avait que deux ans lors du coup d’état  tente alors de dresser , accompagnée d'un caméraman,  un portrait  qu'elle veut le plus  honnête possible qui prenne en considération  la complexité de pertes irréparables et le rôle de mémoire sur trois générations d'une famille blessée.

ALLENDE MON GRAND PERE 3

 La cinéaste a recueilli pas mal de témoignages auprès des membres de sa afin que ceux-ci  qu’ils se remémorent leurs souvenirs personnels de cet aïeul charismatique, sans pour autant les ménager  afin de  briser le silence et révéler les ressentis de chacun face à l’absence des personnes disparues.

 Même si la cinéaste a parfois tendance à s’entêter sur des détails intimes qui n’intéressent pas forcément les personnes extérieurs, ce  portrait très personnel permet de voir Salvador Allende sous un angle différent et le film permet également d’entamer un dialogue intergénérationnel afin que chacun puisse exprimer ses différents points de vue  sur une histoire complexe

Un portait plus intime que politique, pour une sorte de devoir de mémoire  sensible et touchant d’un grand-père qui s’est sacrifié pour ses idées et qui montre à quel point un tel tsunami politique peut avoir des incidences sur une famille, même plus de trente ans après sa survenance. 

ALLENDE MON GRAND-PÈRE - Bande-annonce


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