Dans l'installation de Nina Beier, deux personnes allaient et venaient en discutant, me semble-t-il, sans la regarder. J'ai attendu qu'elles partent. Parce que j'ai immédiatement perçu une relation entre ces graines de cocotier de mer posées sur du terreau, ces perruques encadrées suspendues au mur, et le travail que j'ai fait il y a quelque temps autour de Sarah Baartman. Le solo de Chantal Loïal (On t'appelle Vénus) se termine avec une sorte de litanie faite d'expressions contenant le mot "fesses", parmi lesquelles le coco-fesse a sa place. Coco-fesse est l'autre nom de la graine du cocotier de mer. Et les perruques m'ont tout de suite fait penser à la question des cheveux crépus et des couleurs de peaux évoquée dans le spectacle Château Rouge de la Compagnie Difé Kako et dans plusieurs rencontres-conférences organisées par Sylvie Chalaye (au Lavoir Moderne Parisien, au Musée du Quai Branly, entre autres). Je ne pouvais pas être indifférent comme les deux personnes qui venaient de sortir de la salle, et j'aurais volontiers dit quelques textes écrits pour le solo de Chantal au milieu de ces graines stériles et de ces perruques aplaties pour y revendiquer, parmi ces îles, une expression du Tout-monde :
Je suis femme,
Je suis noire,
Je suis moi-même