Comment une plongée sous-marine en Indonésie a tourné au cauchemar !
Pour Laurent Pinel, un Français de 31 ans, une simple plongée sous-marine en Indonésie s'est transformée en une dérive terrifiante en pleine mer, achevée sur une plage déserte peuplée par un varan carnivore rescapé des temps préhistoriques.
Quand il embarque jeudi matin à destination du parc de Komodo, un archipel d'îles sauvages aux fonds marins paradisiaques situé dans l'est du pays, le Parisien est loin d'imaginer qu'il ne sera de retour que trois jours plus tard.
Aucune raison alors de s'inquiéter: les touristes sont encadrés par un couple d'instructeurs chevronnés, Ernest Lewandowski et sa femme Kathleen Mitchinson, qui vivent sur place. Komodo est réputé pour ses bancs de coraux, ses raies mantas et ses requins baleine.
La première descente se passe bien et l'heure de la deuxième plongée arrive, dans l'après-midi. Laurent Pinel fait partie d'une palanquée de cinq plongeurs, menée par Mme Mitchinson, comprenant aussi deux Britanniques (un homme et une femme) et une Suédoise.
"C'était une plongée dans un courant, qu'on a suivi normalement", relate Laurent Pinel, qui a pris un congé sabbatique pour faire un tour du monde.
Les soucis surviennent au moment de refaire surface. "On est sorti un peu plus loin que prévu. Nous avons fait des signes au bateau, mais il ne nous voyait pas. On était pris par le courant".
Les cinq Européens constatent avec inquiétude que la distance qui les sépare de leur embarcation s'allonge. Ils se retrouvent en pleine mer, palmes aux pieds, leur bouteille de plongée dans le dos, leur gilet de stabilisation gonflé afin de mieux flotter.
Une longue dérive débute, sous le soleil équatorial brûlant.
"On a essayé de se rapprocher d'îles que l'on voyait au loin. On essayait de rejoindre les plages mais à chaque fois on était repoussé. On passait île après île", décrit le Français.
La touriste suédoise a le mal de mer et la situation du groupe apparaît de plus en plus précaire. Le parc national de Komodo couvre des dizaines de milliers d'hectares et les moyens aériens pour le survoler sont quasiment inexistants.
"A un moment on a abandonné l'idée (de rejoindre une île)", poursuit Laurent Pinel. "On a rencontré un tronc, on s'y est accroché". Les membres du groupe décident de s'attacher mutuellement en reliant ensemble leurs gilets de plongée.
La nuit tombe et le trentenaire admet que l'idée de mourir "(leur) a traversé l'esprit". Mais, affirme-t-il, "on a tous été solidaires".
"Il devait être 22H30, nous avons cru voir une dernière île. Il n'y avait pas de lune. On a décidé d'y aller avec nos dernières forces. Si on avait continué (à dériver), c'était l'océan. (..) On a atterri sur une plage avec des cailloux et de chaque côté une falaise. On était fatigué pour ne pas dire épuisé. Tout le monde avait des crampes".
Ils ignorent alors qu'ils se trouvent sur la côte sud de Rinca, une île très aride servant de réserve naturelle pour les dragons de Komodo, les plus gros varans du monde, capables d'assommer d'un coup de queue une chèvre et de dévorer des buffles d'eau.
Ils vont y passer le reste de la nuit, la journée du vendredi et la nuit menant à samedi. "On n'a pas bu. On a mangé des espèces de moules arrachées aux rochers", explique le Français. "On a essayé de mettre tout ce qu'on avait de visible sur la plage (pour être repérés)".
"Un dragon de Komodo est venu se frotter à nous. Il s'est pris des pierres", raconte-t-il aussi. Samedi matin, après 40 heures de calvaire, un bateau les aperçoit enfin.
Sébastien BLANC
AFP