Les bêtes de Walton Ford
Jusqu’au 14/02/16
Le Musée de la Chasse et de la Nature expose, pour la première fois en France, les œuvres de Walton Ford. Cet artiste américain à succès a créé pour l’occasion un ensemble de gigantesques aquarelles autour du thème de la Bête du Gévaudan.
Rhyndacus, 2014 © Paul Kasmin Gallery
Musée de la Chasse et de la Nature62, rue des Archives, 75003 Paris
Site officiel : www.chassenature.org
Catalogue Pancha Tantra en vente sur www.taschen.com
Informations pratiques :
Du 15/09/15 au 14/02/16
Du mardi au dimanche, de 11h à 18h
Nocturnes le mercredi jusqu’à 21h30
Tarif : 8 € (tarif réduit 6 €)
Né en 1960, Walton Ford est un ovni dans sa génération de peintres américains. Profondément attaché à la figuration, il a développé une manière toute personnelle de faire dialoguer les genres. Ses œuvres s’emparent des codes de représentation des planches zoologiques des XVIIIème et XIXème siècle. Mais elles révèlent en filigrane un discours surréaliste sur le monde sauvage et la domestication.
Au delà de leur impact visuel incontestable, ces aquarelles de plusieurs mètres revêtent une dimension narrative inattendue. Walton Ford développe en effet, autour du thème obsédant de la bête sauvage, un discours très cohérent qui emprunte autant aux traités scientifiques, qu’aux anecdotes historiques et vernaculaires. De ces confrontations plus ou moins surréalistes, naît une vision critique et décalée de notre société, dont le ton cynique et cruel s’inspire de la culture des cartoons américains.
La perte du rhinoceros de Lisbonne, 2008, aquarelle et gouache sur papier
© Christopher Burke studio/ Paul Kasmin Gallery
Ce triptyque d’environ quatre mètres de large raconte l’histoire dramatique du rhinocéros offert en 1515 par Manuel Ier, roi du Portugal, au pape Léon X. L’animal est mort dans un naufrage, mais sa mémoire a survécu grâce aux artistes : Dürer s’est en effet inspiré d’un croquis anonyme pour en graver une célèbre représentation qui a traversé les âges.
Sensations of an Infant Heart, 1999, aquarelle et gouache sur papier © Paul Kasmin Gallery
Les références à l’univers du livre sont partout présentes : le texte vient donner une dimension supplémentaire à l’image. Des inscriptions pastichent les manuscrits et proposent souvent des datations factices, qui se réfèrent en réalité à la date supposée des scènes représentées. Ce jeu de simulation amène même Walton Ford à parsemer ses feuilles de fausses taches de rousseur !
Certainement, 2015, gouache et aquarelle sur papier © A. Cary Brown/ Steven E. Epstein
Les salles d’exposition au rez-de-chaussée offrent un bref aperçu de l’œuvre de Walton Ford depuis 1999. L’artiste produit peu – environ 300 œuvres en 20 ans – et c’est l’une des raisons pour lesquelles les américains s’arrachent ces aquarelles : elles atteignent systématiquement des résultats à six chiffres lors des grandes ventes aux enchères new-yorkaises.
Les étages supérieurs accueillent un cycle sur la Bête du Gévaudan. Walton Ford s’est reconnu dans la scénographie atypique du Musée de la Chasse et de la Nature, où dialoguent avec une certaine étrangeté des pièces de toutes les époques. Ses personnages aquarellés, disseminés dans les collections, forment ensemble une histoire symbolique mais historique, chargée de libido, dans laquelle la bête est en prise avec un chien, un loup, une bergère femme-fatale et un aristocrate auquel l’artiste a donné ses traits.
Rhyndacus, 2014
De la conception à la naissance (Gévaudan 1764), 2014
La Bête jouant avec un chien de chasse, 2015
Pour aller plus loin :
-> Présentation vidéo de l’exposition par Station Ausone