Un spectacle-conférence
La réelle alchimie qui opère entre le médecin pédiatre et la clown crée un spectacle-conférence unique: sur scène, une table et deux chaises et un ensemble très théâtral avec 50% d’improvisation tout de même. Dolto incarne l’humaine informée qui essaie de contenir une Emma parfois de mauvaise foi. C’est de la bouche d’une Emma candide que sortent des discours inadmissibles que Catherine Dolto, plus posée et dépositaire du savoir, tente de raisonner. Le duo fonde son interprétation sur le contraste : le désordre et l’ordre, à la manière traditionnelle du clown blanc et de l’Auguste.
Les deux femmes sont toutes deux des anciennes élèves de Jacques Le Coq : elles ont fréquenté la même école de théâtre qui les a marquées. Alors qu’Emma la clown s’est dirigée vers une carrière artistique, Catherine Dolto s’est engagée sur une voie médicale avant de revenir à ses amours de jeunesse. Mais comme elle aime à le dire : dans son parcours chaotique elle a toujours cherché une seule chose : trouver le moyen de faire moins mal : un principe qui peut s’appliquer justement à ce spectacle.
Un double regard informé…
Préoccupées par l’écologie et la COP21 approchant, Emma la clown et Catherine Dolto ont tenu à y participer à leur manière. Elles se sont beaucoup documentées et ce cheminement de lectures, rencontres et films leur a fait prendre conscience de la gravité de la situation. Pour Catherine Dolto, c’est « le seul sujet vraiment important » car on aura beau tout faire pour améliorer le quotidien de l’être humain, si la planète est détruite, rien n’a plus d’importance. « Nous sommes le seul mammifère à se préoccuper aussi peu du devenir de son espèce et de sa progéniture ». Avec elles, en vidéo sur scène, apparaîtra Hubert Reeves, qui a accepté d’intervenir à la seule condition que le spectacle soit optimiste. S’ajoutent les voix de Mathieu Ricard et José Bové, au sujet de notre rapport aux animaux et à la nourriture.
… et clownesque
L’haptothérapeute Catherine Dolto sait mieux que personne que la culpabilité ne fait pas bouger les gens. Hors de question, donc, de faire entendre un discours moralisateur, de dénoncer les dégâts crées par les actions humaines, encore moins de créer un climat anxiogène. Et s’il est question ici de sujets aussi sérieux que la déforestation, le nucléaire, la pollution, les OGM… c’est le rire qui est choisi pour « mieux dire » et « mieux avertir ». Les deux artistes reprennent à leur compte la devise employée par les plus grands dramaturges des 17ème et 18ème siècles : castigat ridendo mores : corriger les mœurs par le rire.