Le premier tour de scrutin pour les régionales a livré son verdict. Si la raclée tant attendue en terme de pourcentage global est moins sévère qu’annoncée, les conséquences sont cependant des plus graves : au train ou vont les choses, la gauche va être durablement absente de pas mal d’hémicycles régionaux. Pire encore : non content de ne pouvoir voter pour ses couleurs, pour éviter la peste brune, il va falloir glisser dans l’urne le bulletin de ceux qui ont opprimé durablement les français d’une manière des plus cyniques.
Cela état dit, les politiques ne sont pas seuls. Electeurs et abstentionnistes participent largement à cette danse désormais macabre pour les 2 grands partis institutionnels. Dimanche, ce sont 6 millions de bulletins bruns relevés dans les urnes qui croient plus que jamais que le FN va les considérer autrement que comme des jambons. A les entendre, il n’y aura désormais plus de cambriolages, plus de gros-mots proférés, plus de chômage, plus d’attentats, plus d’immigrés aussi. Demain, tous les problèmes, comme par miracle, vont s’envoler. J’aimerai juste savoir avec quel programme. Coté économique, c’est le néant cosmique. Côté sociétal par contre, il risque bien d’y avoir du changement, et même pour des bien français. A opposer les gens en permanence en fonction de leur couleur, de leur religion, de leur activité associative, le climat ne risque pas de s’apaiser… 6 millions y croient. Ils risquent d’attendre…
Reste les abstentionnistes, tous ces déçus, essentiellement de gauche, qui ont boudé les urnes. Ils clament haut et fort que le PS est devenu une composante de la droite en reprenant à son compte l’idéologie néo-libérale, en renonçant à la justice sociale la plus élémentaire et les grands principes égalitaires. Ce n’est pas faux, il faut bien le reconnaître. J’ai moi-aussi mangé mon chapeau plus d’une fois. Mais renoncer à s’exprimer est un caprice qui coûte très cher. Au moins le gouvernement d’Hollande évitait certains excès. Cette gauche boudeuse a-t-elle si vite oublié les funestes années Sarkozy et les attaques permanentes contre les petites gens au profit des Bolloré et Tapie ? Vraiment ? C’était mieux alors ?
Maintenant, on y est. Et on fait quoi ? La gauche, parti socialiste et tout le reste avec, est désintégrée, et on a devant nous la peste et le choléra. Se rend-on bien compte de la situation ? Pour qui veut remplir son devoir de citoyen, il faut choisir entre Maréchal-Nous-Voilà et Christian Estrosi, dont on peine à savoir qui est le modèle de qui. Il faut désigner Xavier Bertrand ou la maquerelle mère dont les programmes sont un pâle copier-coller l’un de l’autre. On combattait les fachos et la droite dure, et il faut désormais choisir l’un pour éviter l’autre ? On continue les gars ? Voilà le résultat de cette abstention stupide. Je vais finir par être désagréable et sortir la boite à calottes tant la bêtise a dominé ce dimanche. Ce n était peut-être pas terrible jusque là, mais maintenant, vous sentez vous bien ?
Je suis entré en guerre. Et je me sens un peu seul.