Jean Marie Gueye, sportif depuis de nombreuses années, se voudrait être à l’origine du développement »du swimrun en France, entretien pour le blog playeur.co
Jean Marie, peux-tu te présenter en quelques mots ?
J’ai 47 ans, je travaille depuis 2 ans en tant que journaliste photographe pour le magazine Ultra Mag (magazine de sport d’endurance multisport distribué en kiosque puis désormais seulement sur le net). J’ai un passé de plus de 25 ans de triathlète et de traileur amateur toutes distances assez conséquent (Ironman, Marathon, Ultra Trail). J’ai pour particularité de courir souvent avec mon appareil photo ou ma gopro, la photo est vraiment une seconde nature dans ma pratique sportive.
Qu’est ce que le swimrun?
Le Swimrun est une discipline outdoor venue de Suède (dans l’archipel de Stockholm, voir le reportage d’intérieur sport les exilés) mêlant le trail running et la natation en eaux vives en continuelle alternance. Comme en trail les distances dépendent de la topologie des lieux, c’est simple quand on rencontre en route un lac ou la mer on traverse à la nage, quand on rencontre la terre ferme on court. Ce scénario peut se repéter des dizaines de fois lors de l’épreuve en fonction du lieu de l’épreuve, en général le parcours d’un swimrun est très scénique et devrait avoir comme volonté de faire découvrir un lieu emblématique naturel d’un territoire. Ce sont souvent des parcs nationaux, des archipels qui sont habituellement plus visités par les randonneurs que les sportifs. Il y a vraiment un esprit de retour à la nature dans l’ADN de ce sport.
La valeur de solidarité, héritée du passé de raideur multisport des concepteurs suèdois du Swimrun, est une composante essentielle de l’expérience, le swimrun se court en duo uniquement. Et je vous garantis que le vécu est démultiplié lorsque l’on fait face à deux aux difficultés de l’épreuve. Être fort quand son coéquipier est dans le dur, ou au contraire savoir faire confiance quand on n’est plus lucide.
L’autre particularité du Swimrun est que l’on porte son matériel sur soi tout au long de la course, en résumé on nage avec ses baskets et on court avec sa combinaison. Il y a des aides à la flottaison et à la propulsion, les règles sont volontairement assez flexibles pour que les coureurs testent et innovent. Bref vous pouvez venir avec des palmes, plaquettes, pullbuoy ou même une planche de 60 cm par 100, mais il faudra vous les coltiner sur terre.
La tendance actuelle est plutôt le moins d’équipement est le mieux, car lorsqu’il y 25 transitions, le passage du coureur en nageur doit s’effectuer de la manière la plus rapide possible.
Combien y’a t-il de pratiquants en France ?
Il y a eu deux épreuves seulement en France en 2015 (sur une cinquantaine dans le monde), difficile à dire combien de pratiquants tant la pratique est restée confidentielle malgré ses 10 années d’existence et que de nombreux swimrunners tendent à cumuler les participations à travers l’Europe. Le nombre de place est un facteur très limitant par la nature du Swimrun. Les lieux sont souvent protégés et rares sont les épreuves qui comptent plus de 300 personnes. Une rapide estimation à la louche nous indiquerait une population globale entre 2 ou 3000 coureurs. Je n’ai pas de chiffres exacts pour la France mais il y a certainement beaucoup de français qui vont se lancer dans l’aventure en 2016. Il y a deux points d’information en France :
- La page Facebook de Swimrun France avec une approche de média avec plus de 600 fans (ce qui est très important dans le milieu du swimrun)
- Le Groupe Facebook SWIMRUN France qui est aux alentours de 300 fans et se veut un point d’échange type forum.
Quel type de baskets utilisent les participants ?
Ce sont des chaussures de trail, plutôt légères, et qui évacuent très vite l’eau. Deux marques dominent aux championnats du monde ÖtillÖ en Suède, ce sont les Inov-8 X-Talon 190, les Salomon Sense Ultra 3 sg, dans une moindre mesure on trouve les Icebug Spirit Olx.
Il y a eu des tests assez fabuleux et très sérieux fait en piscine avec des chaussures par une équipe suédoises. Les équipementiers commencent à prendre conscience de la portée médiatique de cette discipline et développent des chaussures spécialisées.
On a pu te découvrir dans le dernier « intérieur sport » de canal + consacré à l’ötillö (course de swimrun extrême de 75 km) Comment tu as vécu cette expérience ?
C’était une première pour moi, contrairement à mon co-équipier pour qui c’était la troisième fois, et l’expérience a fait toute la différence. Personnellement les 8 premières heures de course ont été bien passées (sur 13 heures au total), après j’ai eu des soucis d’alimentation qui ont fait chuter notre allure. Le froid et le manque de lucidité auraient dû me faire abandonner, mais grâce à l’aide précieuse de François Xavier, j’ai pu me « délester » de mes fonctions cognitives pour me concentrer uniquement de mettre un pied devant l’autre ou une main devant l’autre. Il m’est arrivé de sur route facile de fermer les yeux en courant en m’appuyant sur François Xavier tant je m’en remettais à lui. J’avoue qu’à la fin je ne me souviens pas de grand-chose, c’est le genre d’expérience au final qui te fait repousser tes limites, j’ai la bizarre impression d’avoir fait quelque chose d’immense sans avoir été présent. Fix m’a avoué qu’il n’avait jamais vu quelqu’un aller aussi loin dans mon état. J’ai vraiment envie d’y retourner pour mieux profiter de la fin et faire un meilleur temps aussi.
Quelques conseils pour bien commencer le swimrun ?
C’est un sport balbutiant en France, il faut vraiment redoubler de prudence surtout durant les entrainements qui sont en mer, il faut trouver de la connaissance auprès de swimrunners d’expérience en terme de sécurité, matériel et entrainement spécifique (transition).
Les premières fois que j’ai nagé en tenue de traileur, je n’avançais pas dans l’eau tant le sac faisait parachute ou alors les chaussures me faisaient couler. On consomme beaucoup plus de calories en Swimrun qu’en trail, et il faut vraiment anticiper la recharge glucidique sous peine de se retrouver peut être en difficulté dans l’eau.
Quel est ton rythme d’entraînement entre natation et course à pied ?
Je tourne à peu près à 35h par mois d’activité physique, je ne suis pas hyper compétitif, j’ai tendance à privilégier des sorties où je peux prendre des photos ou vidéos, le rythme n’est pas très élevé j’avoue, par contre une sortie peut durer facilement 5h. Le but pour moi est d’être prêt physiquement pour faire un trail, un swimrun, une compétition de natation en eau vive, partir en reportage dans le désert ou en montagne au pied levé sans forcément avoir de pic de forme.
On te sait partagé entre paris et Marseille, quel est ton meilleur terrain de jeu ?
Définitivement les calanques de Marseille et surtout En Vau, dès que je peux je suis entrain d’explorer hors des sentiers battus, toujours à la recherche de nouveaux parcours à faire tester à mes amis du Marseille Trail Club. Pour moi le Swimrun c’est un prétexte à découvrir la nature sous toutes ses belles coutures.
Jack’s et Finnois
(Crédit photo Jakob Edholm / Nadja Odenhage / ÖtillÖ race)