Le lendemain du massacre au Bataclan et ailleurs en France, il y avait cette publicité anti-tabac qui était diffusée au Québec. Je n'ai vu alors cette publicité qu'à partir de la 15ème seconde et il me semble que dans la version que j'ai vu, il n'y avait pas de préambule nous expliquant pourquoi ces jeunes étaient entassés les uns sur les autres. Un lent zoom-out sur les notes de piano nous introduisait à la scène.
Sans que des images de l'intérieur du Bataclan nous soient montrées, j'ai eu l'impression, pendant une fraction de seconde, alors que la nouvelle du massacre était de toute les stations, qu'on me montrait les cadavres de France...
Ce n'était qu'un court moment d'inattention de ma part, mais ça a saisi drôlement les sens. Chaque fois que je la revois, je pense bizarrement aux victimes du Bataclan. J'en avais oublié que Réal Bossé, dans le rôle du gros méchant, arrivait en fin de publicité.
Après la ponctuelle tuerie aux États-Unis, celle du Colorado, arrivait celle de San Bernardino. Les États-Unis sont le paradis des amateurs d'armes à feu.
La passion des armes à feu, de mon point de vue, est une drogue. Ce ne sont pas toutes les drogues qui soient mauvaises. On ne meurt pas du pot. On meurt des territoires de vente du pot parce qu'il est illégal.
Ce qui l'est aussi. dans toute société civilisée, est de tuer son prochain.
Les armes servent à tirer. Point.
De très rares fois sur des cibles.
Puis on passe à la chasse.
Entre mauvaises mains, on tue des humains.
Le ratio "j'ai tué en légitime défense, un méchant" et "J'ai tué par erreur/j'ai tué par déséquilibre mental" est largement inégal. La deuxième catégorie étant nettement dominante. Surtout aux États-Unis où la drogue des armes à feu est une vraie contagion.
Chaque semaine sa tuerie.
PEU IMPORTE LA RAISON.
On tue par arme à feu aux États-Unis, comme on parle d'un accident de voiture ici au Canada. Aussi ponctuellement.
En janvier 1776. Thomas Paine, intellectuel extrêmement influent de la fondation des États-Unis d'Amérique, lance un pamphlet de 48 pages expliquant avec de forts arguments (manquant aux parti Québécois) pourquoi les 13 colonies britanniques devraient maintenant devenir les États-Unis. Suivra la Guerre d'Indépendance qui donne naissance au pays de l'Oncle Sam. Son pamphlet s'appelait Le Sens Commun.
Où se situe le sens commun aux États-Unis de nos jours en ce qui concerne les armes à feu? Un désaxé tue des innocents. le Président se donne un air piteu de fin de mandat, on pleure les morts, les journalistes sont contents d'avoir de la nouvelle, on fait le profil des débiles, on se questionne sur la pertinence des armes à feu aux États-Unis pendant 24 heures, parfois 48...
Repeat.
Comme un fumeur dirait "Ah! la cigarette tue, il faudrait que j'arrête..." entre deux cigarettes.
Tout le temps.
L'été dernier au Texas. on a décidé que le meilleur moyen de lutter contre la violence par les armes à feu était de placer plus d'armes partout. On a rendu légal d'avoir une arme sur les sites universitaires et collégiales.
Afin de lutter par l'absurdité avec plus d'absurdité encore, un dude du Texas a lancé la campagne #cocknotglocks qui veut qu'il soit légal pour tous au Texas de pouvoir avoir en leur possession un dildo (oui, oui, un phallus en plastique) sur les sites universitaires et collégiales. La campagne est devenue virale.
Les gens (lire jeunes) en discutent et c'est déjà beaucoup.
Le progrès n'est jamais une chose facile. Thomas Paine avait l'intelligence de défier à la fois la puissance de la raison humaine, son époque, ainsi que le statu quo. Quelque chose que les États-Unis ne semblent plus en mesure de faire en majorité.
Ce qu'ils sont maintenant est ridicule en ce qui concerne les armes à feu.
Il faudrait même inventer un nouveau mot pour parler de la connerie des États-Unis en ce qui concerne les armes à feu.
Drug TV d'ici peu...
La culture des armes à feu en est une malade aux États-Unis.
Et elle contamine définitivement le pays plus qu'un simple rhume.