Les plus atlantistes diront que la vérité est de l’autre côté de l’océan. Les latins, que seuls les zaterre y mènent, là bas, quelque part entre le Grand Canal et la Giudecca. Les Parisiens seront encore plus définitifs. Le vrai, le seul, l’unique Harry’s bar est planqué rue Daunou, un îlot rarement désert entre Vendôme et Opéra. Manhattan et Venise attendront. Un peu.
Ce point H n’est pas un secret. Il est dans tous les guides et sur toutes les lèvres. QG de quelques uns, passage obligé pour d’autres, repaire des happy fews, repère pour beaucoup. Le Harry’s, c’est sans doute le meilleur argument du TAFTA, l’alliance parfaite des Greyhounds et de Midnight in Paris, les rounds de négociations en moins. Le Harry’s, c’est aussi avec la piscine de l’Ambassade des Etats-Unis, le confidentiel le moins bien gardé de Paris.
Certains squattent le bar, d’autres le trottoir. On y vient en bande, à deux ou seul pour boire des Old Fashioned up to date, des Bourbon Sour mesurés et des Mojitos légendaires dans un set up immobile et rassurant. Rien n’a vraiment changé depuis 1911. Et c’est aussi pour ça qu’on aime passer la porte du HB. On sait qu’on y retrouvera un décor hors du temps, des serveurs en blanc, des photos sépia un peu random et des drapeaux d’universités achalandés en papier-peint vintage. On se sent quasi religieux devant ces ex-voto un peu passés qui font revivre l’Amérique de Notre-Dame et de Georgetown, les bibliothèques studieuses et les pelouses chlorophylle de l’Ivy League. C’est Dallas en moins tragique, Martha’s Vineyard en moins guindé, Providence en plus fun.
Nous sommes tout ouïe. On reprend des hots dogs, et on sourit. Parce que c’est ça aussi, Paris.
Où : Harry’s bar, 5 rue Daunou, 75001
Avec qui : Clint Eastwood, Billy Crystal et Meg Ryan
Quand: A l’improviste
A vos pieds : des bottes vintage
Dans votre ipod : Complexity, Eagles of Death Metal